Après ces intenses journées à visiter les Chutes d’Iguaçu, j’avais décidé de prendre la direction de la Bolivie. Pour ce faire, il me fallait d’abord traverser le Paraguay. Le Paraguay est un pays assez peu visité en Amérique du Sud et qui fait couler peu d’encre dans les guides touristiques. C’est aussi censé être un pays assez sûr, accueillant et paisible. Cela me paraissait donc un bon programme pour quelques jours ou semaines.

Il est difficile de trouver des informations en ligne sur les horaires de bus au Paraguay et je décidais donc de partir pour le Paraguay sans véritable destination finale. Je déciderais sur place à la station de bus en fonction des bus disponibles. Bien m’en a pris…

En route vers le supermarché

En route vers le supermarché

Je partais assez tôt le matin, car un samedi, le passage de frontières pourrait prendre du temps. Depuis Puerto Iguazu, le bus vous emmène d’abord au poste de frontières argentin, où vous obtenez votre tampon de sortie. Le bus traverse ensuite le Brésil sans s’arrêter et vous n’avez donc pas besoin de tampons ou de visas et s’arrête au poste de frontière paraguayen, dans la ville Ciudad del Este, où vous obtenez votre tampon d’entrée pour le Paraguay, valable pendant 90 jours. C’est à la frontière que je faisais la connaissance de Masa et Yumeko, deux Japonais en route eux aussi pour le Paraguay. Nous associons nos forces pour faire nos premiers pas au Paraguay et mon espagnol bien plus affirmé désormais n’est pas de trop. Ciudad del Este est une zone franche et nombreux sont les Brésiliens et Argentins qui viennent y faire leur shopping. Autant dire que Ciudad del Este est un peu un choc au système. C’est une ville complètement chaotique (tout du moins autour de la frontière) avec une route défoncée, un passage de voitures, camions, mobylettes et piétons incessant, un bruit infernal, des vendeurs de chaussettes dans la rue, des centres commerciaux flambants neufs et d’autres un peu moins, des chauffeurs de taxi qui vous haranguent à tous les coins de rue, des sans-abris, etc. Il est un peu dur pour le cerveau d’assimiler ce chaos, surtout par cette chaleur… Après avoir réussi tant bien que mal à traverser la rue et nous être procuré des Guaranis (la monnaie locale), notre nouvelle mission était de trouver le bus pour aller à la station de bus centrale. Une mission pas si facile que cela sans arrêt de bus, ni indications sur les bus de passage. Nous décidâmes donc de héler chaque bus ou collectivo que nous voyions, en espérant que l’un d’entre eux s’arrêteraient et aillent dans la bonne direction. Nous avons réussi tant bien que mal après une vingtaine de minutes.

Yumeko et Masa aux fourneaux, une équipe de choc

Yumeko et Masa aux fourneaux, une équipe de choc

Ces quelques « missions » me permirent de discuter avec mes nouveaux amis qui m’apprirent qu’ils allaient dans une communauté japonaise pour quelques jours pas très loin de Ciudad del Este. Après leur avoir posé plein de questions, sans programme de prévu, mon amour du Japon l’emporta et je leur demandais si je pouvais me joindre à eux. “Oh oui, me dit Yumeko, ce serait vraiment super si tu venais avec nous, mais par contre, il ne va y avoir que des Japonais qui ne parlent que japonais…” Ce n’est pas vraiment de quoi me faire reculer, bien au contraire!

Dégustation de Mochi

Dégustation de Mochi

Ni une, ni deux, nous voilà partis en bus sur la route d’Asunscion et après un arrêt “vente de chaussettes et d’élastiques pour cheveux” dans la banlieue de la ville, nous traversons des paysages verts et rouges. Il fait très chaud, la terre est ocre et il y a quelques buissons verts de-ci de-là. Une heure plus tard, le chauffeur nous arrête sur une grande route, à côté d’une station d’essence, au kilomètre 41. Quelques maisons se battent en duel au bord de la route et je me demande bien où nous avons atterri. Nous prenons un chemin de terre et nous retrouvons devant des panneaux écrits en Kanjis, les idéogrammes japonais: Pension Sonoda. Nous sommes arrivés.

Dans un pick-up au Paraguay

Dans un pick-up au Paraguay

Nous nous déchaussons à l’entrée et l’employé me regarde de travers. Quelques mots sont échangés en japonais, je comprends que l’on parle de moi et de ma venue inopinée. L’employé tient à s’assurer que je suis bien une amie de Masa et Yumeko, sans quoi j’aurais probablement dû plier bagage…

Nouilles japonaisesLa pension est très basique, mais nous obtenons chacun un lit dans une chambre avec climatisation. Il y a aussi deux salles de bain, un salon avec de nombreuses bibliothèques recouvertes de mangas, une cuisine, une très sympathique terrasse extérieure et même Internet. Il y a de nombreux jeunes voyageurs japonais dans la pension, mais bien sûr aucun étranger. Je suis accueillie très chaleureusement par tout le monde et je me sens très à l’aise, même si souvent les conversations se font en japonais, car très peu sont ceux qui maîtrisent l’anglais et encore moins l’espagnol. Ils s’avèrent que lorsque les jeunes Japonais voyagent en Amérique du Sud, ils aiment aller dans des pensions japonaises pour rencontrer d’autres jeunes Japonais. Par contre, ils était vraiment ravis de me rencontrer et de pouvoir parler un peu espagnol et anglais avec moi et d’avoir un échange culturel.

Paraguay

Apéro dans les champs de soja

Apéro dans les champs de soja

Nous nous trouvions donc au Kilomètre 41 de Colonia Yguazu, dans une petite communauté paraguayenne-japonaise. Un certain nombre de Japonais ont émigrés au Paraguay après la Seconde Guerre mondiale pour commencer une nouvelle vie et y sont restés. C’est pour cela que l’on trouve plusieurs communautés similaires au Paraguay, de Japonais-Paraguayans qui vivent en harmonie avec leurs deux cultures. C’est un endroit fascinant. La population est mixte et parle souvent espagnol, japonais et guarani. Il y a toutes sortes de nourritures japonaises dans les supermarchés, un karaoké, des restaurants japonais, des monuments japonais et un même un petit musée contant l’histoire de ce lieu.

Papillon ParaguayLes quelques jours passés ici se déroulèrent dans la chaleur et la tranquillité de la pension. Chaque journée s’écoulait tranquillement au fil de discussions, d’apéritifs, de repas et de siestes à l’ombre. Mes nouveaux amis me chouchoutèrent et me préparèrent plein de petits plats japonais et je fît des crêpes. Nous sommes aussi allés à un restaurant de nouilles japonaises, sommes allés nous baigner dans une rivière locale, avons fait un apéritif dans un champ de soja, avons visité le musée local et admiré un magnifique coucher de soleil. Le dernier jour était mon anniversaire et ils me préparèrent un barbecue, un gâteau et m’offrirent d’adorables cadeaux et petits mots. Cela me toucha beaucoup.

Japanese styleNourriture japonaiseChien japonais

Ces journées tranquilles me sont très chères et j’en garderais d’excellents souvenirs. Je n’ai finalement pas voyagé plus au Paraguay et n’ai jamais atteint la Bolivie, mais je suis heureuse d’avoir découvert ce petit coin atypique du Paraguay et d’avoir eu le droit d’y participer pendant quelques jours. Masa, Yumeko, la famille Sonoda et tous les Japonais sur place ont été adorables et accueillants, se sont pliés en quatre pour mon anniversaire et m’ont beaucoup soutenu dans une période extrêmement difficile. Je ne les remercierai jamais assez pour ce petit avant-goût du Japon.

Coucher de soleil

Avec M. Sonoda

Avec M. Sonoda

Ainsi s’achève la première partie de ce tour du monde. Le soir du 10 février, j’apprenais une terrible nouvelle et prenais le chemin de la France.

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