Voici le premier guest post du blog. J’ai l’honneur d’accueillir Mathilde, qui nous parle de son voyage au Bahrein.

Mon projet de voyage au Bahreïn a commencé en octobre 2011. Ma colocataire, Melis, Turco-Saoudienne, ayant grandi au Bahreïn, m’invitait depuis longtemps à venir découvrir son pays, ou plutôt son île d’adoption.

Comme chacun sait, la situation politique au Moyen Orient se dégrade de jour en jour, et j’ai senti que c’était le moment d’y aller au risque de repousser mon voyage pour longtemps. Alors, même si le Bahreïn était en orange… foncé (!) sur la carte des pays à risque, j’ai décidé de tenter l’aventure…

Replaçons le Bahreïn dans son contexte… C’est un petit royaume d’à peine plus de 20km de long, situé dans la mer du Golfe et relié à l’Arabie Saoudite par un pont de 50 km de long…

Le Bahreïn est depuis l’Antiquité un grand carrefour commercial entre Arabie Saoudite, Irak, Iran, Yémen… Il reste cependant peu de traces de ce passé hors des murs du musée archéologique.

Le Bahreïn actuel est un émirat en plein essor, qui semble constamment en travaux de construction. Des tours de verre émergent du désert. Des villes construites autour d’énormes centres commerciaux voient le jour. Une chose m’a frappée… TOUT est prévu pour être facilement accessible en voiture… En plein été, les Bahreïnis passent de leur voiture à air conditionné aux bâtiments climatisés sans avoir à mettre un pied dehors.
Les frontières de l’île ont été maintes fois repoussées, avec la construction d’îles artificielles pour accueillir des résidences de luxe, qui m’ont fait penser à des mini-Venise, sur des canaux récemment creusés.

J’ai été extrêmement intriguée par la société que j’ai découverte là-bas… Une énorme part de la population est étrangère (américains, japonais, ici pour le business lié au pétrole…) et Saoudiens fuyant un pays trop strict. J’ai trouvé les Bahreïnis d’un coté très tournés vers l’Occident (omniprésence de marques européennes dans les centres commerciaux, films américains soigneusement censurés dans les cinémas…), mais également très conservateurs. Dans la rue, les hommes portaient presque exclusivement la robe blanche traditionnelle et les femmes étaient voilées de noir. L’immense majorité des Bahreïnis est scrupuleusement religieuse.

Melis habite un “compound”, c’est-à-dire un quartier résidentiel fermé, hautement surveillé, habité exclusivement par des étrangers. Je dois avouer que le calme et la sécurité qu’inspire ce petit coin au bord de la mer aux pavillons identiques m’ont plutôt séduite. Nous nous sommes bien sur accordées plus d’un après-midi à griller au soleil sous les palmiers, sur une chaise longue à lire les magazines féminins locaux! Le plus amusant était de voir le regard éberlué des locaux, pour qui, la température ambiante de 25 degrés équivaut au plus profond de l’hiver… En effet, les habitants promenaient leurs chiens en manteaux…

J’ai été amenée à rencontrer la famille de Melis vivant là. Son oncle, Saoudien, marié à une femme japonaise, s’était installé au Bahreïn, et comme une grande partie de la population, traverse le pont quotidiennement pour aller travailler en Arabie Saoudite.

Beaucoup de Saoudiens s’échappent de leur pays, souvent pour le temps d’un week-end pour profiter du régime plus tolérant du Bahreïn. En effet au Bahreïn, l’alcool est autorisé et les clubs “à l’occidentale” florissent un peu partout. Il est assez fréquent de voir, le vendredi ou samedi (le week-end dans les pays musulmans), exactement au milieu du pont, les femmes prendre le volent et se mettre à conduire à la place de leur mari, du côté Bahreïni.

Le conflit actuel, opposant Shiites et Sunnites nous empêchait de sortir à la nuit tombée. Le Bahreïn a une majorité de Shiites, n’ayant cependant pas accès au pouvoir, ni aux fonctions militaires. Des émeutes éclataient un peu partout, pendant la nuit et le lendemain, des ronds-points apparaissaient brûles et les murs taggués.

Une autre partie de la population n’a pas accès aux richesses et au modernisme ambiants. En effet une énorme partie de la population est constituée de bonnes, maçons et travailleurs de force qui affluent d’Afghanistan, du Pakistan, des Philippines ou d’Ethiopie.

J’ai également rencontré les amis d’enfance de Melis. Etudiants Irakiens en médecine, ils ont reçu une bourse pour étudier à l’Université Irlandaise de médecine à Manama, la capitale. J’ai eu l’opportunité de visiter cette Université à l’architecture moderne. A l’image du pays, l’Université m’a semblé être un vrai melting pot du Moyen Orient. Beaucoup de boursiers viennent du Maghreb ou des émirats voisins.

De manière évidente, les différentes influences qui se croisent dans le pays se ressentent dans la nourriture. Des petits restaurants et échoppes incroyablement bon marché dans les ruelles de Manama offrent des spécialités Irakiennes, Iraniennes, Indiennes, Libanaises… et le tout bien sûr, sans avoir besoin de sortir de la voiture!

Pour conclure le chapitre sur ce voyage, il est certain que sans une occasion précise, je n’aurais sûrement jamais eu l’idée de me rendre, comme simple touriste au Bahreïn qui est bien moins touristique que Dubaï, par exemple.
J’ai été extrêmement marquée par ce voyage. J’ai découvert dans ce pays un paradoxe, une dualité beaucoup plus complexe et profonde que ce qu’il n’y paraît au premier abord. Je n’ai qu’une envie, c’est d’y retourner et d’approfondir ma connaissance sur le Bahreïn et le Moyen Orient.
Mais peut-être que, secrètement aussi, je voudrais replonger un peu dans la mer du Golfe avec la satisfaction de penser “hehe! On est en janvier!”

Un grand merci a Mathilde pour cet article passionnant. Et vous connaissez-vous le Bahrein? Avez-vous envie d’y aller?

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