A l’adolescente rêveuse que j’étais, à tous les rêveurs
Voyage au Japon: du rêve à la réalité
« J’ouvre grand les yeux, je regarde autour de moi et je ne ressens rien. Absolument rien. Je ne sais plus à quand remonte la dernière fois que j’ai ressenti ce bonheur indescriptible, ce sentiment incomparable qui m’envahit lorsque je suis face à un paysage touchant, lorsque je suis en train de vivre une expérience unique, lorsque j’ai l’impression de faire partie d’un grand tout, lorsque ma vie semble, l’espace d’un instant, avoir du sens. Lorsque je ressens ce bonheur absolu, lorsque je le mets le doigt sur le pourquoi de ma vie nomade… »
Aujourd’hui je le sais très bien, je me souviens de la dernière fois que j’ai ressenti cela: c’était mon quotidien en Irlande du Nord. Mais ceci est le constat que je m’étais fait en janvier dernier, en arpentant les rues de Tokyo. Après un mois et demi sur place, je n’avais pas eu ce moment magique, cet instant où tous les morceaux du puzzle se mettent en place, où tout est absolument parfait et l’on sait que l’on se trouve exactement où l’on est censé être. J’étais complètement paumée, je ne savais pas ce qui m’arrivait, je ne me reconnaissais plus, j’étais devenue une voyageuse détestable. Il y a eu beaucoup de facteurs et de causes à cet état d’esprit, le choc culturel et mon burnout de voyage en étant une grande partie, mais il y avait aussi autre chose, quelque chose de très dur à admettre.
Rêver un voyage pendant 10 ans, être déçue en réalisant ce rêve d’adolescente
Vivre à Tokyo, vivre au Japon a toujours été l’un de mes plus grands rêves. La déception de ne pas être acceptée pour un an d’études au Japon et devoir aller en Suède à la place a été très forte. Aujourd’hui, je n’ai plus aucun regret, mais cette année de PVT au Japon était ma chance de vivre enfin ce grand rêve d’adolescente. Jusqu’à ce que la réalité me rattrape, que la déception s’empare de moi et que je me rende compte que j’étais venue au Japon, vivre un rêve qui n’existait plus vraiment. L’adolescente que j’étais me détesterait sans doute aujourd’hui et me donnerait des claques pour ne pas savoir profiter de la chance que j’ai. Et elle aurait bien raison. Mais j’ai changé au fil des ans, la voyageuse que je suis devenue a énormément changé, en termes de goûts, d’envies, de choix de destination, de préférence d’environnements, etc. La rêveuse citadine prend goût à la campagne, l’amoureuse du Japon et des pays nordiques ne jure plus que par le soleil et les pays latins. J’ai tenté de vivre ce rêve d’adolescente et je n’ai pas réussi. J’étais devenue quelqu’un d’autre et vivre à Tokyo n’était plus mon rêve. Je me retrouvais piégée entre mon rêve et mon quotidien.
Un nouveau départ à Tokyo
Je suis revenue à Tokyo il y a deux semaines, pour une durée indéterminée. Quelques semaines, quelques mois, je ne sais pas. Et cela n’a pas d’importance. Je me sentais beaucoup mieux, j’étais délivrée de mes problèmes de santé et je me remettais doucement de mon burnout. Je suis revenue pour clôturer le chapitre et pour voir ce qu’il en était vraiment en venant dans un meilleur état d’esprit. Je suis venue en prenant beaucoup de recul, en n’ayant aucune attente ou exigence, pour donner une autre chance à mon rêve. Parce que je suis têtue et que je risquerais d’avoir des regrets plus tard, de me dire « et si… » Et je veux vivre ma vie sans regrets…
Quand j’ai atterri à Tokyo, j’ai vu des arbres et de la végétation partout dans la rue, j’ai ressenti la chaleur du soleil et du vent sur ma peau et j’ai eu ce sentiment d’arriver dans un endroit connu, dans un lieu confortable, où la vie était simple. J’ai vu un salarymen jouer et danser avec les bulles soufflés par des enfants d’une école. J’ai vu des sourires. J’ai aussi vu tout ce que je n’aime pas au Japon, mais je ne l’ai pas laissé m’atteindre. J’ai beaucoup moins pris le métro pour marcher dans tout Tokyo, pour me laisser engloutir par la ville, pour vraiment ressentir l’atmosphère des lieux. Et j’ai vu au coin de la rue, l’adolescente que j’étais qui souriait, avec un regard approbateur, comme si elle savait qu’elle avait raison depuis le début.
Aujourd’hui, je sais que le Japon n’est pas le pays de mes rêves. Qu’il ne l’est plus. Mais je sais aussi que je vis un rêve éveillé et que chaque jour, je m’émerveille devant un temple, les détails du quotidien ou un instant fugace. Aujourd’hui, je marche dans les rues de Tokyo, à toute heure du jour et de la nuit et je souris toute seule. J’ai retrouvé ma joie de vivre, j’ai décidé de vivre dans l’instant présent et de suivre mes envies au jour le jour. Aujourd’hui, je veux vivre à Tokyo pour encore quelques semaines et profiter de la chaleur et de cette chance unique. Demain, je prendrais peut-être le premier avion pour ailleurs, pour un autre rêve, à la recherche de celle que je serai demain. Aujourd’hui, je vis le moment présent et c’est déjà bien. Je ne veux plus perdre cette âme d’enfant et cette capacité d’émerveillement que j’ai toujours eu. Je marche, je souris, je respire enfin et je profite de ce moment présent, en me souvenant de pourquoi j’en ai rêvé et pourquoi je suis venue.
C’était la première fois que cela m’arrivait. D’être déçue par une destination que j’avais tant rêvée. Cela ne sera sans doute pas la dernière fois. Mais je saurais maintenant comment faire face à la situation, comment me recentrer sur mes envies et mes rêves, sur mon besoin de me sentir bien. Ces jours-ci, je rêve beaucoup, je dessine dans mon imagination les rêves les plus fous et je sais que je vais les réaliser un jour. Les 11 dernières années de ma vie sont là pour le prouver.
En attendant, laissez-moi enfiler mes chaussures, j’ai encore quelques centaines de ruelles de Tokyo à explorer, à la recherche de mon bonheur, de mes rêves, de l’inattendu et de l’inconnu. D’un émerveillement quotidien, tout simplement.
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