On le dit tous, on le rêve tous. Un voyage en France, c’est un peu un l’objectif banal, la béquille de secours, la conclusion après des mois d’introspection, d’un voyageur sur le retour. De retour de tour du monde, de retour de PVT, d’expatriation ou autre.
« Finalement, il est beau mon pays. Elle est belle ma France. Et je ne la connais pas beaucoup. Ce serait vraiment super de faire un voyage en France! »
Avouez-le, vous l’avez aussi dit ou pensé. Mais l’avez-vous fait? Je plaide coupable également, j’en ai rêvé au retour de mon tour du monde, mais cela n’a pas abouti. Car mes rêves de voyages lointains ont, comme d’habitude, pris le pas sur mes idées de voyage en France. Jusqu’au mois dernier.
Il faut dire que la France et moi, nous sommes un peu devenues étrangères au fil des années. La dernière fois que j’ai vécu en France à plein temps (et pendant plus d’un an) remonte à… 2010. Voilà donc 6 ans que je n’ai pas vécu au rythme de ma terre natale. Je ne m’en porte pas plus mal, soyons clair, mais je suis clairement déconnectée de la population, des enjeux du moment, de la culture, bref de la France. Voyager m’a rendue encore plus critique sur certains points sur mon pays, mais bien sûr m’en a aussi fait voir les nombreux avantages. Voir de loin la France évoluer, c’est encore plus être déconnecté et cette dernière année, c’est se dire que les gens y deviennent complètement fous. Je ne sais pas ce que c’est vu de l’intérieur, mais je vous avoue que cela ne donne clairement pas envie d’y revenir vivre en ce moment. Après, on est bien d’accord, je me dis parfois la même chose de mes pays adoptifs. Je ne veux pas lancer un débat sur quel pays est le meilleur ou non, ni un débat politique, mais je me demande plutôt quel pays est fait pour moi. Pour l’instant, aucun, clairement.
Un voyage en France
Ainsi, lorsqu’il s’est agit de planifier mon tour de France de quelques semaines, j’étais clairement excitée de découvrir toutes ces nouvelles destinations, mais j’étais aussi un peu anxieuse. Qu’allait-il se passer? Et si je me mettais à détester ce pays que je ne reconnaissais plus? Et si j’étais déçue?
L’atterrissage a été dur. Paris sous la grisaille, post-attentats (je vous en ai déjà parlé ici), m’a fait un choc. Le choc culturel inversé dans toute sa splendeur. Les militaires, les contrôles, la grisaille, la mauvaise humeur ambiante, les jugements, la superficialité et tout ce qui me hérisse d’habitude à Paris était comme exacerbé. Je ne pouvais m’empêcher de voir le noir et le négatif. Il faut dire qu’après six mois sous le soleil de Patagonie, le choc était trop rude. Et puis, mon voyage a continué et j’ai, malgré tout et malgré la situation, trouvé le sourire à Bruxelles. Grâce aux rencontres, grâce aux blogueurs. Mon tour de France allait commencer et c’est avec appréhension que je montais dans le train pour Lille.
Voyager comme voyageuse et pas comme locale en France
Evidemment Lille m’a conquise en quelques instants, par la gentillesse de ses habitants, par sa beauté, par sa chaleur (malgré le froid), par ses attractions et par sa nourriture. Les jours se sont enchaînés, à un rythme effréné, dans un tourbillon d’émotions et de découvertes. Il y a eu Lille, dont je suis tombée amoureuse. Puis, Lyon, où j’ai voulu emménagé directement. Puis Chamonix et et ses incroyables paysages. Marseille et sa chaleur, dans tous les sens du terme. Et enfin Nice, la belle, aux accents Italiens. Tant de lieux différents, tant de belles choses à découvrir! Des destinations qui sont clairement de belles ambassadrices de la France.
Voyager en France pour une durée un peu plus longue qu’un week-end, voyager dans plusieurs destinations, être un touriste en son propre pays est une expérience très intéressante et très enrichissante. Voyager en auberge de jeunesse en France, se positionner comme voyageur et non comme local est passionnant. J’ai l’habitude d’aller visiter de la famille ou des amis, d’être dans un coin pour un mariage ou événement particulier (comme un Salon des Blogueurs), mais jamais vraiment pour du voyage pur. Et cela change toute la donne évidemment.
On ouvre beaucoup plus les yeux, on essaye de dégoter les bonnes adresses, de trouver les meilleurs plans pour voyager pas cher, on se perd dans les transports locaux, on rencontre des voyageurs à l’auberge de jeunesse et dans la rue. Bref, on devient enfin vraiment un voyageur, un touriste en son propre pays. C’est une attitude que je n’avais jamais finalement adopté et cela a rendu mon voyage extraordinaire et beaucoup plus ouvert à la découverte.
Il faut dire que j’ai la « chance » d’avoir une certaine objectivité (loin du chauvinisme que j’ai rencontré: « C’est la plus belle ville du monde, c’est le meilleur pays au monde, c’est la meilleure nourriture du monde… », oui, oui j’ai entendu tout cela!) et un grand détachement. Je le dis souvent, je suis Européenne et non, Française. Et c’est très vrai depuis que j’ai vécu à l’étranger et que je voyage. J’ai des traits de culture de plusieurs endroits du monde et je ne me reconnais pas dans certaines attitudes françaises. Je ne suis pas nationaliste et n’aime pas ces idées de patrie et de nation avant tout. D’un autre côté, je peux aussi être très très (trop) Française. Quoi qu’il en soit, je trouve que c’est un point de vue intéressant pour un voyage en France.
Ce voyage en France m’a (re)montré la beauté de la France, des villes à la montagne, en passant par la mer. Cela m’a montré (à nouveau) les joies et saveurs de la gastronomie française et de l’art de vivre de la France. Cela m’a montré des valeurs d’accueil et de sympathie. J’ai pu redécouvrir la culture française, l’importance de notre langue, de notre identité et de notre culture. J’ai vu nos défauts aussi, du chauvinisme, du racisme, de la mauvaise éducation, de la désorganisation et bien plus encore. Comme partout. J’ai vu les conséquences des attentats et de l’état d’urgence. J’ai rencontré des voyageurs, Français ou non, amoureux de la France et de ce qu’elle représente. J’ai vu les manifestations contre la loi sur le travail, avant le passage de la loi. J’ai entendu parlé des Nuits Debout, j’ai vu des gens qui s’organisaient, j’ai vu un espoir, j’ai vu du changement. J’ai vu tout ça et sans doute plus que je n’ai pas encore analysé.
C’est marrant d’ailleurs, voyager en France m’a rappelé celle que j’étais avant. Avant de voyager. J’ai senti mon activisme ressortir, j’ai senti ma volonté de défendre les valeurs, la culture et la langue françaises. Bref, malgré mes appréhensions, je me suis sentie beaucoup plus Française que je ne l’ai été ces dernières années.
Voyager en auberge de jeunesse en France
Voyager en auberge de jeunesse était un excellent choix. Car j’ai continué à voyager de ma manière habituelle. Cela m’a permis de rencontrer beaucoup de monde, d’échanger avec des voyageurs et des locaux, de découvrir des bonnes adresses, bref de vraiment profiter à fond de mon voyage. J’ai beaucoup aimé voir l’engagement de ces auberges de jeunesse HI et y participer, notamment lors de la collecte des déchets sur la plage à Marseille. C’est un engagement social et environnemental. Il y a par exemple toutes sortes de personnes dans des auberges, avec par exemple des groupes de lycéens de lieux défavorisés, des artistes, des jeunes sportifs professionnels, des adultes en formation, des voyageurs et bien plus encore. Il y a également beaucoup d’activités organisées, artistiques ou autre. Ce sont des auberges engagées dans la communauté locale et c’est aussi ce qui a rendu mon voyage plus intéressant et spécial. Je ne ferai pas de choix différent si c’était à refaire. Je ne ferai pas de choix différent pour mon prochain voyage.
Dans les auberges de jeunesse, quand je parlais aux voyageurs, ils étaient tous étonnés de savoir que j’étais Française, en voyage en France. « Quelle drôle d’idée! », me disaient-ils. « En même temps, c’est vraiment un chouette projet! », ajoutaient-ils après réflexion. Je me souviens avoir aussi parlé à des gens dans le métro, juste par habitude. Certains m’ont regardé très très bizarrement et ont à peine répondu. D’autres ont discuté et ont trouvé que c’était un beau projet.
J’avoue, j’avais également peur de m’ennuyer, beaucoup. J’avais peur de ne pas être stimulée intellectuellement, en l’absence de choc culturel, j’avais peur de ne pas faire de rencontres inspirantes en auberge, j’avais peur de me retrouver face à une médiocrité et bien loin de l’émerveillement quotidien du voyage. Cela ne s’est pas produit: je ne me suis pas ennuyée, je me suis émerveillée et j’ai rencontré des gens très inspirants. Et, c’est rassurant!
Ce fût un excellent voyage en France, où j’ai pu faire de belles découvertes et où j’ai pu apprendre sur moi-même. Ai-je envie de vivre en France aujourd’hui? Non. Ai-je envie de voyager en France à nouveau? Oui, clairement et clairement de la même manière. En voyageuse, en touriste en auberge de jeunesse, en Couchsurfing, en auto-stop, en train, en bus… En ouvrant grand les yeux, en laissant mes préjugés et mes clichés à la porte et en acceptant les imperfections du pays. En ouvrant les yeux, les oreilles et mon cœur aux possibilités et aux rencontres offertes par un tel voyage en France. Je me connais, je sais que d’autres voyages m’appellent déjà, mais j’espère donner un peu de mon temps pour découvrir la France chaque année. Petit à petit.
Pour un voyage en France hors du commun, je vous invite à lire le blog Les Voyages de Mat et sa Diagonale du Vide, qui voyage en ce moment à pied sur les routes de France.
Avez-vous déjà fait un voyage en France? Etes-vous tentés par l’aventure? Comment l’envisageriez-vous?
Ce projet de voyage en France a été créé en partenariat avec FUAJ-HI France. Cependant, toutes opinions et photographies me sont propres.
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