Si l’on m’avait dit que je me mettrais à l’auto-stop en Argentine, j’aurais bien ri. Deux filles qui font de l’auto-stop en Amérique du Sud, ce n’est pas un peu du suicide? Et pourtant, un mois sur les routes plus tard, je suis convaincue que c’est l’un de mes plus beaux voyages et que je n’ai pas franchement été plus en danger qu’en parcourant certains centres-villes américains de nuit ou en prenant le bus en Chine. Cela dit, je ne suis pas encore prête à me lancer en solo à l’auto-stop sur les routes du Brésil par exemple, mais j’ai beaucoup évolué, j’ai beaucoup appris et j’ai oublié beaucoup de préjugés que j’avais sur l’auto-stop. Quand et si je prends le bus ces temps-ci, je me dis souvent que j’aurai mieux fait de faire du stop. C’est tellement simple, rapide et passionnant.
Faire de l’auto-stop en Argentine: les bases
Je ne suis en rien une experte de l’auto-stop, mais j’espère que mon retour d’expérience vous apportera de l’aide dans la planification de votre voyage. Si vous avez des questions, comme toujours, n’hésitez pas à me contacter et je serai ravie d’y répondre.
Qu’emmener pour faire de l’auto-stop en Argentine?
Si vous comptez traverser la Patagonie en auto-stop ou d’autres régions désertiques de l’Argentine, mieux vaut être préparé pour cette aventure. Des réserves d’eau, de la nourriture, une tente, un sac de couchage chaud, des vêtements pour le froid et les grosses chaleurs, de quoi se divertir pendant les heures d’attente le long de la route, un couteau suisse, une carte routière, un téléphone avec une carte Sim argentine, un appareil photo, un set Mate et vous êtes parés! Surtout, n’oubliez pas l’eau, la nourriture, la tente et les vêtements chauds si vous restez bloqués au milieu de nulle part.
Faire un panneau ou pas?
Nous avons croisé beaucoup d’auto-stoppeurs avec un panneau de leur destination et nous avons trouvé ça plutôt peu original. Il n’y a pas beaucoup de routes en Argentine et si une voiture passe, elle va probablement dans votre direction. Nous avons opté pour des panneaux plus sympas et plus attrayants et nous avons eu d’excellents retours et de grands signes de sympathie. Plusieurs personnes ne se sont arrêtées que parce que nous avions ces panneaux-là, alors ne les sous-estimez pas: « Al fin del Mundo » et « Recorriendo Argentina desde Francia y Allemania ».
Hablas espanol?
Si vous ne parlez pas un minimum d’espagnol, j’ai envie de dire, ne faites pas de stop. Les gens s’arrêtent pour la compagnie et pour papoter un peu pendant les longues heures de trajet. Si vous ne pouvez pas échanger un minimum, les gens ne seront pas forcément contents. Plusieurs conducteurs nous ont d’ailleurs parlé de quelques voyageurs qui ne parlaient pas un mot de manière assez négative. Par politesse et sécurité, ne vous endormez pas, n’écoutez pas de la musique; on vous aide, alors soyez agréable!
Quelle route prendre?
Vous avez le choix entre la Route 3 et la Route 40. Les deux sont faisables, mais il faut plus de temps, de patience et définitivement une tente pour la 40 qui est très désertique et très désertée. Sur la Route 3, vous pouvez parcourir 1000 km par jour très facilement.
Et la sécurité dans tout ça?
Deux filles qui font du stop en Argentine, ça peut faire peur. Pourtant, les filles ont beaucoup plus de facilités pour faire du stop. Ne vous laissez pas rebuter, vous verrez l’expérience est formidable et avec du bon sens et de l’instinct, il ne devrait pas y avoir de problèmes. Bien sûr, à chacun et chacune d’évaluer les risques que vous êtes prêts à prendre. Je ne me suis pas sentie en danger une seule fois en Argentine, ni mal à l’aise. La plupart du temps, nous étions prises par des familles, des jeunes ou des couples, des gens très sympathiques qui souhaitaient parler, aider et faire un échange de cultures. Nous nous sommes faits des amis, certains nous ont offerts à manger ou le gîte, d’autres les contacts de leurs amis, un peu de mate… Un camionneur m’a dit que je sentais bon pendant que Sarah dormait et je l’ai rembarré rapidement. Des histoires que j’ai entendu, il n’y a pas vraiment de menaces, même si parfois des propositions indécentes en l’échange d’un bout de route. On dit non, on descend de voiture et cela s’arrête là en général. J’avoue qu’il m’arrivait de caser dans la conversation ma ceinture noire de karaté ou mon petit-ami imaginaire histoire de poser des limites. On est tout de même en Amérique du Sud….
Pour en savoir plus sur la sécurité en Amérique du Sud, découvrez mon article sur le voyage en solo en Amérique Latine.
Si vous ne le sentez pas, partez à deux. Faites de l’auto-stop de jour. Gardez vos affaires de valeur sur vous, surtout lorsque vous faites du stop à proximité de favelas, ce qui arrive régulièrement, aux extrémités des villes. Ne montrez pas vos richesses (appareil-photo, tél, etc.) avant d’avoir passé quelques temps dans une voiture. Suivez votre instinct. Sachez dire non. Ne montez pas dans une voiture avec plusieurs hommes seule, ne montez pas si vous ne le sentez pas. Demandez à descendre. Ne levez pas le pouce si un fou furieux arrive dangereusement à 180km/h sur la route. Apprenez l’espagnol et la culture du pays pour mieux comprendre les situations. Envoyez votre itinéraire, des nouvelles régulières et pourquoi pas la plaque d’immatriculation de la voiture à un proche. Mais surtout détendez-vous et profitez de la route.
L’intuition
L’intuition est pour moi à la base de l’auto-stop et c’est d’ailleurs ce voyage en autostop en Patagonie qui a commencé à m’enseigner la force de l’intuition, plutôt que de choisir avec le mental. Je vous invite à explorer les notions d’intuition, découvrir mes articles sur le sujet et lire mon livre L’Envol, qui aborde l’auto-stop et l’intuition.
- Un voyage intuitif dans les Highlands en Écosse
- Le voyage: invitation et apprentissage de l’intuition
- Hawaii: leçons de temps et de flow
De Bariloche à Ushuaïa en auto-stop
C’est le défi que nous nous étions lancé sur trois semaines avec mon amie Sarah et nous avons réussi cela beaucoup plus facilement que prévu. Je vous décrit ici mon itinéraire pour vous donner quelques idées de parcours, etc.
Bariloche: Il est tout à fait normal de faire de l’auto-stop à Bariloche, surtout en saison quand les bus ne fonctionnent pas. Sortir le pouce et avoir une voiture qui s’arrête en une seconde, se faire récupérer par notre serveur de la veille ou encore se faire détourner sa voiture par 15 israéliens… oui, oui, tout ça n’arrive qu’à Bariloche!
Bariloche-Lago Correntoso: Nous souhaitions faire la route des 7 lacs et cela a été notre seul échec. Après avoir essayé en vain d’aller vers le Nord jusqu’à San Martin, nous avons décidé de repartir vers le Sud car Sarah n’avait pas beaucoup de temps. Trois heures d’attente vers le Nord en plein soleil et trois heures d’attente vers le Sud pour enfin retourner à Bariloche après une nuit de camping.
Bariloche-El Bolson: Nous sommes parties tard et n’avons fait qu’un tout petit bout de route après avoir pas mal attendu à Bariloche sous la pluie.
El-Bolson-Esquel: Très peu d’attente, deux conducteurs Chiliens plus tard et nous arrivions à Esquel.
Esquel-Pico Truncado: Nous avons laissé le destin faire ce jour-là, car nous ne savions pas quelle route prendre et si nous allions tenter la route 40 ou pas. Finalement, nous avons trouvé une voiture qui allait à Pico Truncado, là où j’avais trouvé un Couchsurfer. Un conducteur très sympathique, des centaines de kilomètres et beaucoup de mate plus tard, nous arrivions à bon port.
Pico Truncado-El Calafate: Une grosse journée, peu d’attente à nouveau et trois voitures plus tard, nous arrivons à El Calafate dans le Couchsurfing du bonheur où nous passerons en tout une semaine.
El Calafate-Glacier Perito Moreno: Les distances les plus courtes sont parfois les plus compliquées. Deux américains qui allaient dans une autre direction et qui pensaient que l’on faisait de l’auto-stop avec un chien de rue, une famille qui décide de s’arrêter pour faire un asado à 11h du matin et un couple sympa plus tard, nous étions au glacier! Il nous a fallu une heure pour retourner en ville, avec notre fameuse famille asado!
El Calafate-El Chalten: Pas d’excuse cette fois-ci, dans des zones aussi touristiques, mieux vaut commencer très tôt (vers 6h du matin) pour être les premiers dans la file d’auto-stop, arriver à El Chalten tôt et ne pas galérer à trouver une auberge. L’avantage en Patagonie en été, c’est qu’il peut faire jour de 5h de matin à 23h et on peut donc rentabiliser le jour très facilement! Une fois encore, nous avons de la chance et sommes récupérées par un Bolivien, puis deux adorables argentins (aussi membres de Couchsurfing). Avec eux, nous faisons les touristes, nous dormons à la même auberge et nous leur demandons s’ils peuvent nous ramener à Calafate quelques jours plus tard, car la file d’auto-stoppeurs à El Chalten nous a fait peur! Et c’est un oui! Nous irons aussi faire un peu de tourisme avec eux à El Calafate! Nos conducteurs préférés!
El Calafate-Ushuaia: Oui, oui, nous avons fait cela en une journée. Alice, une amie, en mission vétérinaire, nous a emmenée jusqu’à Rio Gallegos. Nous avons ensuit trouvé une voiture jusqu’à Rio Grande, qui nous a fait traverser les deux frontières et fait prendre le ferry. Très très facile tout cela. Un camion plus tard et nous arrivions à Ushuaïa par une magnifique route. De 6h à 22h, c’est une sacrée journée, mais c’est faisable!
Ushuaïa: Nous avons fait du stop pour nous rendre sur tous les lieux touristiques à Ushuaïa. J’avoue que je ne suis plus tout motivée pour payer des bus touristiques hors de prix, alors qu’il est si facile de faire du stop.
Si vous avez des questions sur ce voyage ou l’auto-stop en Argentine, n’hésitez pas. N’hésitez pas à lire des blogs de voyage à ce sujet, de visiter les groupes Facebook d’auto-stop, de vous rendre sur Hitchwiki et d’aller sur mon site préféré sur l’auto-stop pour préparer votre voyage.
J’ai lu récemment Le Monde en stop de Ludovic Hubler que je trouve absolument passionnant et qui m’a ouvert les yeux sur beaucoup de choses. Une lecture essentielle et passionnante.
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