Il y a des voyages qui ne font de sens que dans le flow de l’instant, ineffables dans leur magie, tangibles dans leur délices. Je n’avais jamais vraiment rêvé ou imaginé Hawaii, mentionné comme de passage, une impossibilité, une incompatibilité avec la nouvelle vie que je traçais. Et c’est sans doute pour cela, comme cela, que l’archipel s’est glissé sous mes pores, pour jaillir comme une évidence, une flagrance irréelle, une certitude partagée, en à peine une ou deux semaines de rêverie, en quelques jours de planification.

Quand un rêve et la certitude de sa réalisation convergent, tout s’accélère, les éléments flottants anxiogènes s’établissent et atterrissent, et la matérialisation dans le monde réel prend ancrage rapidement, tout semblant s’aligner dans un courant parfait, incroyable, épousant nos désirs et nos énergies comme par merveille et enchantement.

« Une vision est une réalité », je lis dans le Journal d’une apprentie chamane de Corine Sombrun et je ne peux qu’approuver.

Départ en voyage à Hawaii

Passé

Je ne me souviens pas de ma journée de voyage de l’île de Vancouver à celle de Maui, captivée par le flow, capturée par le mouvement, impossible à arrêter par de sombres anecdotes de voyage, des contingences et obstacles, dans la présence aux limbes. Je partais à Hawaii avec mon amour, et c’était inévitable.

Futur

Il est tard quand j’atterris, dans l’attente d’un ange, et je redécouvre l’inconnu, la chaleur, l’excitation de l’aventure, des rêves impossibles et des danses aux creux des vagues, au coeur des volcans, sur le vertige des falaises et le fil de la route.

Dès le premier pas hors de l’avion, à la récupération des bagages, dans les couloirs de l’aéroport, je ressens un appel au ralentissement, à la langueur, à l’attente douce et savoureuse, auxquels je ne sais encore que répondre à moitié. L’impatience a parfois un goût délicieux de l’abondance du rêve et du désir.

L’île d’Hawaii

Ce ne sera qu’un avant-goût de Maui, une nuit et une matinée en escale. Nous reviendrons, plus sages, plus apaisés, plus ancrés et incarnés dans l’atmosphère des îles. C’est l’île Hawaii, Big Island de son nom américain, son volcan, le dragon qui m’a appelée, faite venir jusqu’ici, au coeur du Pacifique, sans raison et pour toutes les raisons du monde, qui nous accueillent. Un atterrissage au paradis, une prise en mains de notre voiture de location et nous traversons ce qui sera notre écrin de vie et d’âmes pour trois semaines.

Louer une voiture à Hawaii

Pour notre voyage à Hawaii, nos road-trips sur Big Island et Maui, nous avons utilisé Discover Cars, un comparateur de locations de voiture pour trouver la meilleure offre de location. Merci à eux pour m’avoir permis de tester leurs services par le biais d’un bon d’achat.

Captain Cook

Sur la route entre la pluie, les nuages et l’océan Pacifique à perte de vue, il est bien étrange d’être de passage aux États-Unis après toutes ces années, et il est libérateur de conduire sur une autoroute avec de telles vues. Nous nous enfonçons sur une petite route qui sillonne entre les plantations de café, des arbres multicolores et des coins enchanteurs. La route est irrégulière, a des allures de piste et s’engonce dans la jungle au coucher du soleil, jusqu’à notre première demeure, une cabane dans les palmiers, abritée dans la jungle, avec vue sur océan. Captain Cook a des allures accueillantes de paradis.

« Saurons-nous vivre ici sur cette île? Qu’allons-nous y trouver? Aurons-nous le temps de faire ce que le coeur et la raison appellent? Devons-nous plus planifier notre itinéraire et notre voyage? Pourquoi sommes-nous ici? Qu’est-ce qui nous attend? Que recherche-t-on? Comment le trouver? Comment emboîter les cases de notre voyage au paradis dans des jours courts et limités? » Des questions au futur que je délaisse le plus souvent, qui parfois remontent à la surface du coeur et des pensées, comme un rappel que le présent se vit et ne se questionne pas.

Présent – Slow

La jungle à Captain Cook - Voyager à Hawaii

Cette nuit, nous dormons sans fenêtre pour la première fois et les bruits de la jungle et des oiseaux nous bercent et nous éveillent tour à tour à travers les moustiquaires. « Poppy », semble gazouiller un oiseau parmi le chant de mille autres. Son hululement si particulier viendra à nous manquer longtemps après notre départ. Nous dormons d’une traite, épuisés par le voyage, nos corps trouvant déjà un équilibre avec la nature environnante, nos horloges internes se rajustant aux rythmes et énergies naturelles nous enveloppant.

Le soleil des tropiques encadre nos journées et nos activités, de levers de soleil matinaux et de couchers de soleil tôt. Internet n’est pas vraiment disponible et nous vivons joyeusement déconnectés, en vacances de tout travail, si ce n’est pour quelques moments d’écriture et de chamanisme, dans des maisons ouvertes, où salons, cuisines, salles de bain et toilettes se trouvent souvent dehors, en communion et connection avec l’environnement. Je n’ai jamais vécu ainsi aussi longuement, aussi proche des éléments, de la faune, de la flore, de l’énergie de la Terre, étant peu adepte du camping et pourtant, c’est comme si mon corps n’avait attendu que cela à nouveau pour se fondre au monde.

Il y a des moustiques qui me dévorent, des coups de soleil qui s’emparent de moi, une fatigue pesante qui m’envahit parfois, mais ce ne sont que de minces sacrifices pour vivre quelques semaines au rythme de l’éden.

Premier aperçu de l'île d'Hawaii - Un voyage hors du temps à Hawaii

On gambade le long de l’océan, sur des rochers de lave, entouré.es de chèvres. On fait du snorkelling parmi des poissons multicolores dans des eaux turquoises. On sillonne sur des routes de bout du monde. On ramasse quelques fruits et légumes dans notre jardin de jungle. On savoure un café avec une vue imprenable sur la côte en-dessous, en compagnie d’un gecko coloré. On se dit que c’est incroyable, que l’on ne peut en croire nos yeux, on use de trop de superlatifs et pourtant, on est là, en plein dedans, au présent. « La vision est une réalité ». Le rêve aussi.

Captain Cook est une introduction, une entrée en matière, une transition vers un ailleurs ultime, vers le temps qui défile, s’étire et découle de chaque seconde. Il faut ralentir pour apprivoiser le temps. Il faut s’immobiliser pour faire un.e avec le flow du temps. Il faut apprendre à s’éclipser d’une certaine rationalité et d’un certain ego, pour se saisir de la vague du temps.

Océan et volcan à perte de vue sur l'autoroute à Hawaii

Présent – Island time

Honokaa

Sur la route encore. On traverse des champs de lave à perte de vue et là, au milieu, on descend une piste, à la rencontre d’une plage paradisiaque paisible. Il y a du sable blanc, du vent, quelques passants, de la lave et des volcans à perte de vue et surtout des tortues qui ballotent dans l’eau et se laissent porter par les flots.

Le volcan Mauna Kea à Big Island

Et puis, la route s’allonge, s’éternise pour notre plus grand bonheur, jusqu’en petite altitude, un climat plus tempéré, Waimea, une ville de cowboys, et des volcans épars entourés de palmiers. Mauna Kea se cache derrière les nuages et dans le brouillard, peu préparés (après tout je n’ai manifesté qu’un guide d’occasion vieux de 10 ans de l’archipel la veille du départ), on ne comprend, ni ne vit encore la géographie des lieux. On bascule du côté humide de l’île et la verdure vallonnée et champêtre au bord de la route nous embarque en quelques kilomètres vers un autre monde.

Vallée de Pololu à Hawaii

On dort dans une cabane au milieu des champs, de l’océan et des étoiles, accompagné.es de deux chats taciturnes et langoureux, que je surnomme avec peu d’imagination Captain et Cook. Il y a des fruits mystérieux en offrande et d’autres savoureux, du chocolat, du café, tout le temps et le calme du monde. La petite ville est endormie et semble vivre sur un rythme bien à elle, où les cafés, les restaurants et les boutiques ouvrent quand bon leur semble et à peine quelques heures par jour. Nous vivons d’art, d’amour, d’eau fraîche et de fruits tropicaux, entrecoupés d’escapades dans les endroits plus incroyables les uns que les autres. La nuit, c’est la voie lactée et un ciel à couper le souffle et à emporter l’âme qui nous étreint.

Écrire face à l'océan Pacifique - Le paradis à Hawaii

Nous nageons sur une route entre les volcans. Nous dévalons un chemin qui mène à la vallée de Pololu, ses collines préhistoriques et son océan hypnotisant et remontons en courant et en chantant, ivres du temps, courant sur les galets et les falaises, tenant la main de nos animaux de puissance. Ma chèvre des montagnes est comme à la maison depuis que nous sommes arrivé.es sur les îles. Nous nous invitons à un concert local, en nous balançant au rythme de sons chaloupés, parmi une foule hippie à laquelle nous appartenons et n’appartiendrons jamais. Nous rencontrons d’autres chèvres, découvrons des criques, nous prenons pour Indiana Jones sur des chemins de pierre, savourons de rouler sur des routes où chaque tournant est sublime, poussons des « ouh » et des « ah » face à la jungle, les palmiers, les oiseaux, les cascades et les nuages.

Chaque brin de temps et d’espace qui nous entoure est pour moi une cathédrale sacrée à explorer et honorer. Mais certains endroits résonnent ardemment, naissant des cendres et des profondeurs, d’un passé ancestral et lointain. Le chemin est touristique. Nous partons à contre-courant vers une cascade d’une hauteur impressionnante et puis dévalons dans la jungle. Les fougères se forment en spirale, comme le temps nous empoigne. Les fleurs, les feuilles, les lianes nous saisissent les entrailles et le coeur d’un désir primal d’être, d’exister tout simplement. Et au coin d’un chemin bétonné, il est là, ignoré des foules et pourtant le coeur de la vie. Un banian, arbre sacré, trône, presque caché sur une pente descendante, nous appelant à entrer en son tronc, à s’immerger dans son énergie.

Je suis révérencieuse, impressionnée, presque timide et ne suis pas la plus à même pour le raconter. Je me sens traversée par des énergies magnétiques, épuisée, tourbillonnée, revigorée et puissante. C’est la vie qui jaillit, c’est la spirale du temps qui s’éprend de nous. Il y aura d’autres banians, mais jamais comme lui.

Une autre série de cascades. Des cardinaux qui égrainent le ciel et les nuages de flammes rouges. Nous sommes en flottement, en apesanteur, ivres de nature, de vie, de temps.

Ce coin d’île nous apprend à ralentir encore plus, à exister au fil de la météo, des saisons changeantes, des heures d’ouverture et de fermeture, de la marée, des randonnées. On ne sait pas encore très bien faire, on se plante, on essaye de reproduire parfois un rythme d’ailleurs, à la recherche de cafés que l’on ne trouve jamais.

Cascades à Big Island, Hawaii

Island time. Il n’y a pas besoin de se presser. Il n’y a pas de retard ou d’avance. Il n’y a pas besoin de trimer. C’est l’heure de dormir. Celle de manger. Celle de prier à l’autel de la nature, du soleil, de la Lune et des étoiles. Celle d’aimer. Celle de nager. Celle de surfer. Celle d’écrire. Celle de vivre simplement. Pas de pression, pas d’anxiété du passé ou du futur, pas de pensées d’ailleurs, si ce n’est la véritable présence à ce qui est, autour de nous et en nos corps.

J’avais touché du doigt la présence en des moments précis et ponctuels, mais à Hawaii, c’était un état simple d’être, une seconde nature. Vouloir vivre autrement, c’était aller contre le flow et forcer la destinée à se plier à notre volonté. Mais la nature et l’âme de l’archipel sont plus fortes et la vie circule au cœur de l’être.

Futur – A la course du temps

Hilo

Nous avons entendu beaucoup de bonnes choses de Hilo, mais nous ne serons que de passage avant notre prochain logement Airbnb et expérience dans la nature. D’abord, des cascades, des bouts de nature, d’autres arbres Banian. C’est comme si nous repoussions encore et encore l’expérience de la ville et préférions nous perdre dans les vertiges de la nature.

Pourtant, nous y voilà. Une librairie d’occasion d’abord, comme le bouclier de transition de retour vers la civilisation, un portail vers la compréhension de la fabrique de la ville, une recherche, un point d’observation pour se recentrer avant l’appartenance. Il y a un immense rayon bien-être, spiritualité, chamanisme, des romans à foison, de quoi s’y perdre pendant des heures. J’y trouve le livre Entering the Circle, La Chamane Blanche, de Olga Kharitidi, qui me parlera du temps et du chamanisme russe. Inattendu, passionnant, à point nommé pour surfer sur la vague du temps.

Devant un banian, il y a une capsule de temps, une capsule témoin qui nous parle d’éclipse. J’écris un roman sur le temps, où les éclipses foisonnent, fusionnent. Tout se lie et se délie.

On cabotine vers un restaurant vegan, vers un açai bowl, une boutique de Ukuleles, des boutiques hippies, la côte, un spot de nage et de snorkeling, la rencontre, l’observation de la vie un dimanche à Hilo. On aimerait en faire partie, on en fera peut-être partie, pas maintenant, jamais sans doute. Les villes appellent à la sur-stimulation, l’envie de tout faire, tout voir, de passer des heures à flâner pour une trouvaille, de se projeter dans une vie que l’on ne vivra sans doute jamais. Cela n’a rien de mal, c’est simplement différent. Un flow hyperactif, loin de la lenteur, la présence, l’appartenance, l’intégration de la nature. Les villes souvent appellent à l’appartenance, mais nous séparent dans le quadrillage des rues et des quartiers, nous classent, nous isolent.

Des courses, un plein d’essence. Nous partons à nouveau dans une zone isolée, sans savoir ce qui nous y attendra.

Passé, présent, futur – Impermanence et permanence

Pahoa

La nuit tombe et la route avance dans des zones de plus en plus campagnardes et isolées. Ce n’est pas très loin d’Hilo et pourtant, c’est un tout autre monde. Petit à petit, les riches et luxurieux champs et jungles sont remplaçés par des champs de roche noire à perte de vue, des champs de lave, entrecoupés de quelques oasis de palmiers, partant s’effondrer dans l’océan et le ciel qui s’assombrit à la tombée de la nuit. C’est magnifique et c’est effrayant.

Champ de lave à Paoha, Big Island, Hawaii

De la vie qui bouillonne, à son absence, la vie déchirée, déracinée, défrichée, chassée, pour mieux renaître peut-être. La zone a des atours de résidence de tueurs en séries et on s’interroge plusieurs fois sur le bon sens de Google Maps. Pourtant, c’est bien là que l’on va, oui, au bout du monde, là où il n’y a plus rien. Un virage perpendiculaire, un chemin bloqué vers un phare, comme une zone de non-droit et on prend une piste pour quitter la route. Nous sommes à Pahoa et nous nous enfonçons soudainement dans une jungle luxuriante. La piste est longue et sur chaque côté de la route, de grande propriétés isolées semblent fleurir. Il y a quelques personnes qui marchent le long de la route, comme perdues dans un monde qui n’est plus.

Un road-trip parmi les champs de lave, Hawaii

Après beaucoup de doutes, d’interrogations et de peurs, nous arrivons tout de même à bon port, dans une superbe cabane, en plein milieu de la jungle. C’est le paradis des oiseaux, des grenouilles, des moustiques, des cafards, des geckos et de tout ce qui a envie de vivre là. Je n’ose pas descendre seule aux toilettes en extérieur la nuit, mais je savoure ce côté off-grid, en autarcie, au bout du monde.

On parcourt le guide Lonely Planet, pour avoir une idée des excursions pour le lendemain, pour trouver un spot de snorkelling peut-être. Il a 10 ans, et ce n’est pas la première fois qu’il veut nous emmener là où rien n’est plus. Il décrit des piscines naturelles où les tortues nagent, un phare, des plages à perte de vue, des villages agréables. Mais non, un an après sa publication, la zone a été complètement ravagée par le volcan Kilauea. Les villages, les plages, des kilomètres de côtes rayés de la carte, une zone dévastée, isolée, où se réinstalle petit à petit une communauté off-grid.

Road-trip à Hawaii

Nous partons alors sur le chemin de la lave, sur le témoignage des cendres, à la rencontre du dragon qui nous avait appelé.es jusqu’à lui, à la sensation d’être quelque part, hors du temps, au bout du monde, là où la vie n’est plus et rejaillit déjà. C’est l’impermanence de la région qui nous touche. La capacité des habitants à vivre là où peut-être ils seront chassés la semaine prochaine ou dans dix ans. C’est la fascination pour un monde détruit et qui renaît, par sa flore, sa faune et son humanité. C’est aussi cette terre qui avance, s’étend sur la mer, grâce à ces jaillissements de lave, complètement vierge de vie, mais terreau de renaissance.

Sur les champs de lave de Hawaii, Mother of Dragons - en road-trip à Hawaii
Fascinés par la lave des volcans à Hawaii

En marchant sur la lave, en gambadant d’une fissure à l’autre, en tenant en nos mains les couleurs et la gravité de la roche, l’océan à perte de vue, des oasis de palmiers au loin, dans le silence de ces étendues noires, un vide bouillonne, une énergie s’apprête à bouillir et renaître. L’infinie perpétualité de la vie. Sur la lave sèche, dans les couleurs et brillances de la roche, dans le silence de l’être, le passé s’écrit, témoigne, se rappelle à nous et brandit le futur comme une étoile à naître, comme une constellation qui explose, implose et fertilise en spirale.

Ici, hors du temps, en ressentant l’impermanence de cette vie qui nous est donnée, c’est ressentir au présent, tous les temps, toutes les dimensions temporelles et reconnaître que le passé, le présent, le futur ne font qu’un, en nous, en nos corps, à travers nous, par notre expérience et notre présence.

On rend visite à des arbres de lave, on roule dans une lave qui s’égraine au plus loin de l’horizon, on s’arrête dans des villages qui semblent ne plus avoir leur place et qui pourtant l’ont tellement, on voit la vie qui renaît, les irréductibles qui ne veulent pas partir, pas céder, qui imaginent déjà un autre monde, ici, sur ce terrain hostile. Moi non plus, je ne veux pas partir. Je veux rouler dans la lave jusqu’à en perdre haleine, je veux observer, ressentir, toucher, goûter, sentir, m’incarner ici, assimiler, m’imprégner de ce qui nous appelé.es ici.

Où dormir à Hawaii?

Nous avons planifié notre voyage à la dernière minute et les îles sont très touristiques et convoitées. Big Island est sans doute la moins chère et la moins touristique. Nous avons loué des Airbnbs atypiques tout au long de la route et à Maui, des appartements par le biais de Booking. Si vous réserver à l’avance, rendez-vous sur Booking, Agoda ou Hostelworld pour vos réservations.

Volcano

Pourtant, la route appelle encore. Nous restons dans la région, mais montons en altitude, vers Volcano et le parc national des volcans. Nous quittons la lave, pour mieux revenir, nous montons en altitude, nous retrouvons la pluie et une légère fraîcheur. La longue piste rouge nous amène à nouveau dans une zone off-grid, à nouveau au bout du monde, entre les champs et les jungles. Ce soir, nous dormons sur une fissure de lave, dans l’antre du dragon.

Tant d’énergies ont bougé en nous. Nous nous effondrons de fatigue. Demain, nous visiterons des volcans.

Présent – Flow

Retour aux sentiers touristiques, mais nous avons le temps que beaucoup n’ont pas. Nous avons raté l’éruption de quelques jours, trop omnibulé.es par notre bulle de présence, mais nous passons après la foule. Au programme, points de vue, randonnées, marche sur les bords des cratères, dans les cratères des volcans, dans des tubes de lave, sur des champs de lave, à la rencontre du souffre et des souffles de volcan, à la découverte de tout ce que la lave fait et défait, de ce que les volcans créent, découvrent, transforment et forment sur cette île atypique.

Volcano National Park, Hawaii

On pourrait simplement s’y perdre pour toujours. Les paysages sont lunaires, irréels et si matériels à la fois, dansant sous nos yeux de couleurs ocres et noires, de fumées et de collines, d’instants absents et présents. Chaque pas nous rapproche de notre destination et nous en éloigne. Les distances sont déformées et tout nous apparaît proche et loin tout à la fois. Un arc-en-ciel au coeur du cratère. Seul.es au monde, nous nous frayons un chemin sur les flancs d’un autre. J’ai peur que la lave craque sous moi et de m’enfoncer dans les profondeurs de la terre. J’ai parfois du mal à naviguer entre la réalité et la vision, celle que je perçois dans mes voyages chamaniques, celle qui se présente à moi dans le monde si particulier d’Hawaii.

Randonner au coeur d'un cratère de volcan à Volcano National Park, Big Island, Hawaii

C’est comme si les frontières de ces mondes étaient brouillées, là-bas, au milieu du pacifique, comme si celles du temps linéaires avaient disparues également, comme si tout prenait sens au présent, comme si chaque bout de vision était accessible en fermant et en ré-ouvrant les yeux rapidement. Mon imagination divague, carillonne et batifole. Je suis au paradis de l’intemporalité et de la temporalité et nous dansons sur le flow du temps.

Dominer Volcano National Park à Hawaii

Les jours s’enchaînent et nos découvertes s’amoncèlent. Sous les cocotiers, dans la chaleur de la découverte, dans la beauté absolue de paysages volcaniques que je n’avais jamais imaginés ou rencontrés, c’est le flow qui s’empare et s’éprend de nous, et puis s’écoule. Nous ne faisons qu’un avec la vibration énergétique et le magnétisme de ces terres et de cette nature luxuriante et décrépie tout à la fois et il n’y a plus que le présent. Nous faisons tant de choses, sans courir ou forcer. C’est la définition du flow, l’équilibre entre une tâche assez challengeante et assez facile à la fois, où le temps s’accélère et ralentit en même temps, où tout impossible devient matériellement possible, où les mondes se mélangent et s’inversent, où la réalité prend des airs et des atours de fée, où l’irréalité s’ancre dans la matière.

Nous montons une route sur les hauteurs, pour voir l’île à perte de vue, sous le soleil. La route est à une seule voie sur plus de 20 km et traverse des forêts enchantées. Le chemin est beau, la destination est magique. On aimerait partir randonner plusieurs jours, peut-être ne plus revenir. C’est ça le flow aussi, le danger qu’il t’emporte dans des mondes invisibles et ne te ramène jamais vraiment à bon port.

On redescend pourtant encore, de retour vers la partie sèche de l’île, des paysages plus paradisiaques, plus paisibles, plus loin, imperceptiblement, de l’empreinte des volcans. On s’arrête, au hasard de l’intuition pour aller faire du snorkeling, pour reprendre corps à l’océan, celui qui n’était pas praticable depuis bien trop de jours, sur les falaises acharnées de lave et de rochers.

Il y a foule. On plonge. On se retrouve nez à nez avec des tortues. Cela valait le coup de braver ce monde. Je suis toujours humble, parfois effrayée et impressionnée dans l’eau, face à ces géantes, ayant peur de perturber leur flow, peur de me cogner à elle, peur aussi peut-être d’un autre monde inconnu et invisible.

Kailua-Kona

On repasse en terrain connu, sur une route connue. On a fait le tour de l’île. Nous ne sommes plus les mêmes. Nous sommes dans un flow impossible, imperturbable et le ré-atterrisage à la ville de Kailua-Kona va être difficile. Fini les cabanes dans les champs et la jungle. Nous retournons en appartement, dans des boîtes qui nous semblent tout de suite moins charmantes. On dort les fenêtres ouvertes, pour entendre le chant des oiseaux et sentir l’océan au loin. Nous passons du temps dehors, le plus possible.

La ville essaye de nous réapprivoiser, mais toujours, nous resterons indompté.es, marqué.es à jamais par l’empreinte du temps, du dragon et de ces îles qui nous ont rendu notre âme naturelle et nos voix.

Présent – Hors du temps

Avant-dernier jour sur l’île d’Hawaii. Du snorkeling encore. Je sais où je veux que l’on aille. Cela va nécessiter un peu d’aventure.

Plage paradisiaque à Hawaii

Il fait chaud et notre voiture ne passera jamais sur cette piste complètement détraquée. Elle a été taillée, entaillée et retaillée à la machette et au feu du dragon à travers un immense champ de lave. Nous ne passerons pas. Les jeeps et pick-ups passent. Un coup de pouce et voilà que l’une d’entre elle nous embarque jusqu’au bout de la route, sur une plage au paradis. On la traverse, on marche encore plus loin, on est accueilli par des chèvres encore et on traverse un autre bout de lave. On ne sait pas encore ce qui nous attend, de l’autre côté. Le présent est incertain, le chemin est rude, la route est belle, de l’autre côté la magie.

Session d'autostop sur les pistes d'Hawaii
Randonnée avant la plage paradisiaque à Hawaii

La plus belle plage qu’il ne m’ait jamais été donnée de voir. De l’eau cristalline, du sable blanc, personne en vue et le volcan et champ de lave en toile de fond. On snorkel, on se baigne, on flotte, on snorkel, on flotte. La plage est à nous, la liberté au vent, hors du temps.

Je ne sais plus ce que l’on y a vu, si c’était la raie manta, le poisson scie, les tortues ou des poissons colorés. Je suis ivre de couleur, de temps et d’horizons lointains. Tout se mélange et c’est beau. Mais là bas sur cette plage paradisiaque, aux embruns magiques, je sais que l’on ne faisait plus qu’un.e avec les éléments et le temps.

La Chamane Blanche met des mots, des explications sur ce que j’ai ressenti, perçu. Selon sa rencontre avec un physicien quantique, nous pouvons nous percevoir, humains, comme des points linéaires, séparés des autres et de tout ce qui nous entoure ; ou bien nous pouvons nous percevoir comme des vibrations, des waves, des vagues malléables qui peuvent faire un, une, avec tout ce qui nous entoure, y compris la vibration du temps.

Je suis une vague et je choisis de m’immerger dans la vague ultime du temps sacré. Je suis le temps. La vague est moi et je suis la vague.

Un atelier et Masterclass pour s’ouvrir au temps non-linéaire

Pour accueillir, ancrer, vibrer et ressentir cette notion de temps et de vague du temps en toi, je t’invite à te procurer mon atelier The Time Peace, « Au temps » créer, conçu pour artistes et créatifs, pour que le temps ne soit plus un problème et vivre le flow du temps pour se réconcilier avec le temps, ton art et ta créativité.

Présent – Ralentir

Maui

Maui saigne et nous ne le savons pas encore. Maui saigne depuis longtemps et cela ne sera qu’exacerbé dans les mois à venir. Maui est bien plus touristique que tout ce que nous avons vu jusque-là. Maui est sèche et jaune. Maui est sublime dans tous ses recoins et interstices.

Accueillis par un nuage arc-en-ciel à Maui, Hawaii

Haleakala

Accueillis par un nuage arc-en-ciel, chantonnant « Somewhere over the rainbow », l’île est enchanteresse dès son premier abord. Nous montons en haut du volcan Haleakala, ni au lever de soleil, ni au coucher du soleil. Nous prenons notre temps sur cette route qui monte au dessus des nuages et atterrissons sur Mars, sur la Lune, ailleurs, hors du temps.

Arrivée à Maui à Hawaii

L’appel est fort. Nous descendons dans le cratère. C’est une randonnée bien étrange, qui descend encore et encore, qu’il faudra remonter tout droit d’une traite ensuite. Nous nous laissons porter par le soleil et le nuage et nous sommes tenté.es de ne plus jamais remonter. Pourtant, la route et longue et nous ne sommes pas équipé.es. Nous sommes seul.es quelques instants, derrière le rocher Split Rock, seul.es au milieu de cette impossible lieu. Face à l’immensité, la puissance, l’inextricabilité, l’impermanence et la force de la nature, sous toutes ses formes, nous ne pouvons que nous avouer humain.es, infiniment petit.es, infiniment un.es, tout et partie de cette nature environnante, sujets à ses convictions, ses élucubrations, ses appels et ses contingences. Nous remontons en chantant, essoufflé.es, gambadant, accompagné.es de nos animaux de puissance, ennivré.es encore par le temps et le silence.

Volcan Haleakala à Maui
Volcan Haleakala à Maui
Volcan Haleakala à Maui, Hawaii

Un jeune autostoppeur nous avait dit d’écouter le silence au coeur du cratère. Il est impressionnant, oui, il me rappelle celui de l’Antarctique. C’est le silence du temps, l’immanence de la vie qui un jour rejaillira, mais qui pour l’instant est absente, présente seulement au futur et au passé.

Volcan Haleakala à Maui, Hawaii

Paia

Sur la route de Hana, nous voulons faire un tour à la cascade Twin Falls, mais le parking est plein et l’accès impossible. Le week-end du 4 juillet se dessine d’une importante présence touristique que nous n’avions pas rencontrée sur Hawaii. Nous reprenons la route, à la rencontre d’eau transparente et turquoise, de tortues qui batifolent, de plages venteuses et de sable blanc, de vagues tourbillonnantes et empoignantes, de cafés et restaurants vegan. Nous regardons un coucher du soleil. Et puis encore un dernier. Nous snorkelons et batifolons dans l’eau une dernière fois, à la rencontre de poissons et tortues merveilleuses, emplissant nos yeux, nos cœurs, nos âmes de souvenirs et de couleurs. Nous apercevons au loin la partie de Maui que nous ne visiterons pas, Lanai et Moloka’i. Avoir le souffle coupé à chaque point de vue. Avoir le cœur ancré en chaque instant.

Volcan Haleakala à Maui, Hawaii

4 juillet. Nous repartons alors que le pays fait sa fête nationale. D’abord le parc de Iao: l’empreinte jurassique sur les collines, une rivière de rochers, une dernière randonnée. Il fait chaud. On se perd à la recherche d’une boisson fraîche dans un village endormi. Et puis on prend une route, juste pour voir, pour aller un peu plus loin, pour aller voir à quoi ressemble cet autre côté de l’île que nous n’aurons pas le temps de visiter. C’est une route à une seule voie, qui sillonne entre l’océan et la jungle, nous emmenant sur les hauteurs des falaises et dans des coins paumés, surannés. On atterrit à un croisement avec vue sur Kahakuloa, dans un magasin d’artistes, pour se rafraîchir, pour chercher peut-être de l’art à ramener. On repart bredouille, si ce n’est du souvenir incroyable et immaculé laissé par les points de vue et les images de cette route. Nous reviendrons, comme à chaque endroit que l’on laisse. Un au revoir qui ne peut en être un, qui on n’espère ne sera pas un adieu. Tant d’aux revoirs, tant d’à bientôt, certains qui ne se concrétiseront jamais, un présent que l’on voudrait étiré à tout jamais, qui pourtant se délite dans nos rêves et nostalgies.

Coucher de soleil à Maui, Hawaii

On se perd dans l’attente et on la savoure. Un tour à la librairie d’un centre commercial, un tour à un parking pour manger de la street food vegan, une longue attente à l’aéroport. Retour à une réalité matérielle moins paradisiaque, plus américaine. Cette fois-ci l’on repart vraiment. Au revoir Maui, au revoir Hawaii, je porte ton empreinte en moi pour toujours et un ralentissement que jamais je n’avais connu auparavant.

Dernier jour à Maui, Hawaii

Passé, futur, présent – Atterrissage

Canada et Écosse, un retour

Du présent, j’ai été catapultée à Vancouver, puis de retour à la nature pour ma formation à Salt Spring Island et enfin de retour à la maison, en Écosse. A Vancouver, je suis spectatrice, observatrice, en retrait des élucubrations et divagations de la ville, réalisant les projections, hallucinations collectives et entraves qui se dessinent autour de moi. J’appelle la nature, mais je suis dans une bulle de présence, qui prendra encore du temps à se dissoudre.

On termine à l’aéroport de Vancouver. Une de ces leçons métaphoriques qui revient encore et encore sur les routes vagabondes et à travers l’expérience du voyage. J’étais en avance, me délectant déjà de l’attente, de ce moment en transit, dans les limbes, un café et le document Scrivener de mon roman devant moi. Ces instants vacants, absents, vides deviennent ceux que je chéris, ceux qui me manquent d’une vie nomade déjà bien lointaine, ceux dont je recherche encore l’essence dans ma vie sédentaire. Mon sac, catégorisé fragile en raison de mon tambour celtique, doit se rendre aux bagages surdimensionnés, pour ne pas être trop balloté. Vérification aléatoire, la personne de la sécurité souhaite voir mon sac et le vider entièrement pour en fouiller tous les recoins. Mon organisation méticuleuse et soigneuse, de vêtements, de livres, d’objets de broc et de bric est à défaire et refaire en peu de temps. Heureusement que j’ai de l’avance, le temps et la patience. Mais la plupart du temps, je vogue, je surfe, je vague à l’âme et au vent, appelant la nature autour de moi, rêvant de Hawaii en petit et en grand, dessinant déjà des plans de retour, habillant mon quotidien de souvenirs et de rêve. Malgré ma nostalgie et mon rêve, je ramène avec moi de Hawaii des leçons de flow, de présence, de ralentissement et d’impermanence. Je marche plus lentement, j’appelle encore plus les moments en nature, l’environnement extérieur est moins impactant, je trouve le flow dans les endroits les plus impromptus et j’ancre encore et toujours que le flow se trouve en ralentissant et qu’il est en moi, qu’il est moi, qu’il ne s’agit pas de le rechercher, de courir après ou de tenter de le manifester, le créer, le contrôler. Il suffit de s’aligner à la vague du flow, de celle du temps, à son énergie, son magnétisme et sa vibration pour la devenir et s’imprégner du temps, du présent et du flow.

Quand je pense à Hawaii, il n’y a plus rien qui ne résonne en moi que le son du silence dans les cratères, l’impermanence du temps et de l’humanité, et souvent le jaillissement d’un « Poppy », la couleur d’un éclair rouge, un cardinal.

Je ne voulais pas partir. Je ne saurais peut-être jamais revenir. Il est temps.


Des prières, des pensées, de la gratitude et de l’amour pour Hawaii et pour ce qui se passe actuellement à Maui et Lahaina et pour ses habitants. Je suis profondément touchée par ces îles, par ce voyage et par ce qu’il m’a apportée et m’apporte encore chaque jour.

Pour être tenu.es au courant de ce qui se passe sur l’île et pour faire des dons qui ont un réel impact, je vous invite à vous rendre sur ce compte Instagram.

J’avais commencé cet article quelques jours avant le début des incendies. J’ai hésité à publier, mais c’est pour moi un hommage aux îles. Cela n’est sans doute pas le moment de se rendre aux îles et je vous invite à faire toutes les recherches possibles pour limiter votre impact si vous vous y rendez.


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