L’après-nomadisme, l’après-pandémie, l’après-burnout ou l’après-transition
Voyages et Vagabondages m’appelle depuis quelques semaines, mais j’ai pris un peu de temps pour répondre à l’appel, comme pour être sûre que c’était bien réel. Qu’écrire? A quoi bon? Serez-vous encore au rendez-vous pour mes réflexions sédentaires? Et puis, je repense à celle que j’étais, dans mon petit appartement au Monténégro, paumée, ayant perdu le sens de tout cette vie nomade. Et puis, je pense à toi, chère lectrice, cher lecteur, à celleux que ces quelques mots apaiseront peut-être. Et je me dis, que je peux écrire, tant que l’inspiration me vient.
Il y a cet article, amer, triste, paumé que j’ai écrit il y a un an et demi, et que je n’ai jamais publié. C’est mieux comme cela. Les impulsions créatives ne sont pas toujours justes ou équilibrées. Je prends le temps aujourd’hui.
On m’a parfois demandé pourquoi je ne m’étais pas arrêtée de voyager plus tôt, puisque je n’étais plus en alignement avec le nomadisme et mon mode de vie. Mais ce n’est pas si simple que cela. Cela ne l’a jamais été. Quand la roue tourne, quand le momentum nous propulse en avant, quand cela fait si longtemps que l’on fonctionne ainsi, quand il semble impossible d’envisager autre chose, comment arrêter? Quand l’Après est inenvisageable, inconnu, au-delà de l’incertitude, le grand vide.
J’étais partie voyager pour me trouver, pour vivre différemment, pour fuir, pour ne pas rentrer dans les cases que la société souhaitait m’imposer. Je ne voulais pas de ce mode de vie que l’on m’avait vendu à toutes les sauces depuis l’enfance, cousu de fil blanc dans nos systèmes scolaires, sociétaux et économiques, auquel j’avais goûté quelques années, le temps d’économiser pour mon tour du monde. J’avais trouvé mon mode de vie idéal, bien que (ou parce que) non ancré dans la société, et j’étais incapable d’imaginer un autre mode de vie. Impossible de retourner en arrière et de renter dans les cases. Un mode de vie nomade qui me tuait à petit feu. Un choix cornélien. L’impossibilité d’envisager ou même d’imaginer un autre futur, de voir un Après. J’avais des oeillères et le confort, l’habitude, la routine de ma vie nomade m’empêchaient d’envisager ce que je n’avais jamais vécu, ce que je n’avais jamais vu modelé, ce que jamais je n’aurais cru possible.
L’histoire est écrite, mais elle est encore à raconter, semaine après semaine, dans tes oreilles.
L’Envol raconte cet après, sur les chemins du monde et de mon intériorité, le récit de mes éveils écologique, spirituel et créatif, après le burnout, après cette profonde remise en question, après ces années de nomadisme.
C’est une histoire de guérison, de fuite, d’appartenance, d’amour et de mission de vie.
C’est une histoire d’espoir et de lumière.
Pour être honnête, mes oeillères m’enturbannaient. Sur quel type de mode de vie était imaginable, sur quel monde était possible, sur ma propre vérité, sur mes propres envies. Je voulais tant vivre à contre-courant, parce qu’il était trop douloureux de me fondre dans la masse, que je me suis mise à aller à contre-courant de moi-même, sans me rendre compte qu’il y avait des nuances et un équilibre entre deux extrêmes.
On avait ces discussions parfois (tout le temps…) entre nous, entre nomades et blogueuses, incapables d’envisager autre chose, avec un désir pourtant, de se recentrer, de revenir, de trouver un ancrage, loin de l’extrême du nomadisme.
Alors c’est pour elles, c’est pour eux, c’est pour toutes celles et ceux qui ne savent pas envisager l’Après, qui ne voient pas d’autres possibilités, que ce soit l’après-nomadisme, l’après-pandémie, l’après-burnout, l’après-quelque-transition-que-ce-soit, que j’écris cette lettre.
L’Après existe. Au présent de ton futur. Et tu ne pourras le percevoir qu’une fois dedans, qu’une fois de l’autre côté de la barrière, qu’une fois que le passé et tous ces tourments te sembleront un lointain souvenir, une fois que tu souffleras enfin, heureux.se de voir que tu as survécu, que tu as traversé cette période intense, cette barrière invisible, tous ces obstacles qui te retenaient dans une zone de confort, devenue étroite, douloureuse, périlleuse. Avances dans le brouillard. L’Après existe. Il prendra peut-être plus de temps que prévu. Il ne ressemblera peut-être pas du tout à ce que tu avais imaginé. Il ne sera peut-être que le préambule à un autre après. Mais il est là, et il t’attend. Bras ouverts, un brouillard comme de la poudre aux yeux, le grand saut dans le vide, vers l’ailleurs, vers l’inconnu, vers le prochain cycle de ta vie. Crois-moi, je suis dans l’Après. Au présent. Maintenant.
Après le nomadisme… la vie sédentaire
Je n’ai jamais lu de récits de l’après-nomadisme. Trop occupés à vivre leur après, les blogueurs et les nomades disparaissent dans le brouillard. Et dans leur sillon, comme un murmure, une légende qu’il n’y a peut-être pas d’Après. Qu’il n’y a peut-être que de retour à la vie normale, la vie d’avant, celle que l’on avait tout fait pour fuir. Peut-être, pour certains. Et d’autres réinventent des mondes dans le silence de leurs blogs délaissés, de leurs comptes oubliés.
Je suis sédentaire depuis un an et quatre mois. Je ne compte pas ces jours d’impatience ou de désinvolture. Je ris, je joue, je souris, je suis surprise. Je suis sédentaire depuis plus d’un an et je n’aurais pas quitté l’Ecosse en 2021. J’aurais très peu quitté la ville d’Edimbourg également. Quelques nuits dans les Highlands et c’est tout. Ironie ultime, les extrêmes qui se narguent, mon après semble bien monotone. Le confinement, les études, l’argent, ma langueur, je n’ai pas été appelée ailleurs. Pas encore. Mon âme est nomade, mais l’appel n’est pas encore assez fort, pas assez clair. Ce n’est pas le bon moment. Ou peut-être est-ce que j’hésite encore? Seul l’après nous le dira.
Lorsque j’ai pris la décision de prendre ma retraite de blogueuse de voyage professionnelle, lorsque j’ai choisi la sédentarité et que j’ai mis fin à 7 ans de voyage et de nomadisme, j’avais développé une anxiété du voyage. Rien que l’idée de faire ma valise m’épuisait. Alors, oui, je suis partie en vacances et j’ai déménagé ici en train, mais c’était compliqué. Faire ma valise, prendre un billet de bus, voyager… tout cela me donnait des sueurs froides. La pandémie était tombée à point. Je n’avais pas besoin de voyager. Je pouvais être chez moi, sans avoir à donner d’excuses de mon absence pour les fêtes ou toutes autres occasions.
C’était un rejet du voyage et du nomadisme, une étape difficile, mais nécessaire, un besoin de me purger, d’évacuer toute la noirceur et les ombres qui avaient teinté mon voyage. Sans le vouloir, mon cerveau avait associé le voyage à quelque chose de négatif: le burnout, la fuite, le changement climatique, le tourisme-consommation, l’addiction au voyage… Mon corps rejetait tout cela en bloc et il était plus facile d’oublier les bons côtés, de ne plus y penser, de couper tout cette partie de mon être, d’arrêter de bloguer et de tourner le dos à cette partie de moi qui avait défini mon identité pendant plus d’une décennie. Pour un temps. Je ne pouvais plus écrire ici. Je n’avais envie de faire aucune visite ou excursion, un tant soit peu touristique. Pour moi, cela n’avait plus aucun sens.
Et puis, au déconfinement, une amie m’a invitée pour un day trip à Stirling, à un peu plus d’une heure en train d’Edimbourg. Je me réjouissais de passer du temps avec elle et, comme c’était à la journée, on évitait les valises et le drame. J’étais stressée et curieuse. Comment allais-je le vivre? J’avais l’habitude de mes randonnées locales à la journée, mais je ne m’étais plus improvisée touriste depuis bien longtemps. On a visité la ville, on a visité un château, on a marché, on a passé une belle journée. Et dans le vent, sur les remparts du château, j’ai goûté à nouveau aux saveurs du mouvement, à l’impulsion de l’ailleurs, aux embruns des possibles. C’était un test. Et c’était concluant.
Je suis partie un mois plus tard, en solo pour une retraite d’écriture ambulante dans les Highlands, à l’intuition, sans itinéraire ou calendrier. Le stress avant de quitter mon appartement était palpable. La valise et les préparatifs m’auraient presque convaincue de ne pas partir. Mais je porte en moi l’amour du mouvement. J’en ai besoin pour me sentir vivante, épanouie et créative (psss, psss, les fans de Human Design, c’est inscris en moi, je ne vais plus lutter!). Alors j’ai enfilé mon sac à dos, comme je ne l’avais pas fait depuis plus d’une année. Et dans la chaleur de juin, à l’arrêt de bus, dans le train, le stress a disparu, les réflexes nomades sont revenus et je me suis sentie à ma place.
5 jours et mon lit me manquait déjà. Je suis rentrée et j’ai savouré pour la première fois de ma vie de voyageuse, le retour à la maison, cette sensation glorieuse d’avoir passé un bon moment, mais de rentrer chez soi, après une belle aventure.
Et puis, l’été est passé. J’ai travaillé dur, j’ai écrit un film (un road-trip soit dit en passant), je suis devenue coach Dharma, j’ai terminé mon Master d’écriture de scénarios, j’ai lancé mon business de coaching. Les cycles se sont refermés. Les boucles se sont bouclées. La fin du livre semble approcher. Il y aura un après l’Après. Et là, j’ai eu envie d’écrire à nouveau ici. De bloguer à nouveau. De partir en escapade. De voyager à nouveau. J’ai eu des envies de Croatie, de Bali, de Japon. Les souffles de mon intuition luttaient contre toute la négativité que j’avais accumulée contre le voyage. Je me suis mise à parler de mes aventures, j’ai rencontré des nomades qui s’étaient sédentarisés pour quelques temps. J’ai rouvert la porte.
Je ne suis pas partie. Je suis toujours là. Je suis sédentaire. Mais l’âme nomade en moi s’est réveillée. Souvent, je me demande si ces envies sont des fuites, des symptômes qu’il y a quelque chose à régler, à interroger, qu’il y a peut-être encore une racine de fuite. Fuite ou évasion, la limite est difficile à percevoir. La peur du burnout, ainsi que la peur de revivre ces moments difficiles sont toujours bien présentes. Mais la plupart du temps, je sais que ces envies me sont soufflées par l’intuition. Et que le voyage, lorsque l’intention est différente, peut reprendre du sens et de l’intention.
Loin des extrêmes, je construis encore cet après, j’essaye encore de créer du sens avec tout cela.
Mais finalement, le sens, la rationalisation, sont des excuses, des faux-semblants, une manière de ne pas être, de ne pas vivre, complètement le moment présent, qu’il soit sédentaire ou vagabond. Alors, je reviens toujours à mon centre, à mon être, à mon présent, à mon après.
Il n’y avait jamais d’Après à chercher, à inventer, à imaginer. Il fallait simplement être, le vivre, au présent. Que l’après soit nomade, vagabond, sédentaire, expatrié, d’ici ou d’ailleurs. Il n’y a pas d’après. Il n’y en a jamais eu. Il n’y a qu’aujourd’hui, maintenant et ce que cette petit voix murmure au fond de toi.
Tu es au bon endroit. Ici et maintenant. Et ton après, tu le construis pas à pas, action par action, brique par brique, murmure après murmure, risque après risque, dans le souffle du vent et de ton âme. Pour l’après-nomadisme, pour l’après-pandémie, pour l’après-burnout. Ici, maintenant, à chaque seconde. Et c’est comme cela qu’on construit des nouveaux mondes.
Je ne sais pas si j’aurais aimé entendre cela, alors que je nageais seule au coucher de soleil à Kotor, au Montenegro. Mais je crois que oui. Un rappel, un murmure, un souffle que tout va bien, ici et maintenant, qu’elle que soit la voie que tu choisis. Et peut-être qu’il y a du travail émotionnel et psychologique à faire pour atteindre cette paix et cette sérénité du présent, mais cela est accessible. Si tu le décides, là, aujourd’hui et maintenant. Si tu décides que tu peux imaginer ton Après, une seconde après l’autre, un pied devant l’autre, à chaque moment, à chaque inspiration.
Inspire…. Expire. Et après….? C’est dans le brouillard et l’invisible que se trouve la réinvention de ton nouveau monde, de ton après. Inspire…
Je t’envoie mes amitiés nomades et sédentaires,
Lucie
PS: si cette lettre résonne en toi, je suis désormais coach créativité et Dharma et je travaille sur l’Après avec celles et ceux qui veulent être accompagné.es dans leurs transitions. Tu peux en apprendre plus sur mon site Lucie Aidart, dans la section Coaching et découvrir tous les programmes de coaching individuels.
Je mène une Masterclass sur la Présence le dimanche 9 janvier à 17h, disponible en live et en replay, pour celleux qui ont peur de l’Après, pour celleux qui sont en plein dedans ou tout simplement pour celleux qui ont besoin de remettre le moment présent dans leur quotidien. Je vous y attends avec impatience. Pour plus de détails sur cette Masterclass, c’est par ici!
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