J’ai décidé depuis plusieurs mois déjà de ne plus voyager, simplement pour voyager, sans sens, sans but, dans la poursuite d’un tourisme enivrant, dans la fuite d’un voyage futile. Il est quelque peu étrange aujourd’hui de voir le monde du tourisme à l’arrêt, comme je le suis depuis quelques mois maintenant, pour mon sabbatique, mais aussi depuis que je ne veux plus prendre l’avion à tort et à travers. Cependant, j’ai la chance d’avoir énormément voyagé au cours des 10 dernières années et d’avoir découvert de nombreux lieux merveilleux.
Il y a de nombreux lieux, souvent d’ailleurs parmi mes préférés, sur lesquels je n’ai jamais pris le temps d’écrire, par manque de temps, d’envie et sans doute inconsciemment avec la volonté secrète de les garder, en quelque sorte, comme des secrets personnels. Aujourd’hui, cela me semble bien égoïste. J’ai envie d’écrire sur ce monde que j’ai eu la chance de voir et de parcourir, j’ai envie de publier des photos inédites, de raconter des histoires laissées de côté dans les tréfonds de ma mémoire et de revivre les émotions intenses de ces années de voyage. En espérant que ces articles à venir, celui-ci et peut-être les suivants, vous apporteront du réconfort, des émotions, de l’inspiration et de la sérénité en ces temps perturbés.
Plus que jamais, nous trouvons aujourd’hui d’autres manières d’assouvir nos passions et nos rêves, de vivre nos émotions et nos désirs. Personnellement, je n’ai jamais autant « été » à des concerts live depuis que je suis confinée. C’est une de mes passions et c’est la chose que j’aime le plus faire ces jours-ci. Regarder un concert en live, danser, chanter, sentir mes poils se hérisser, vivre au rythme de ces mélodies qui me font me sentir vivante. Alors peut-être que certains d’entre vous, un peu de la même manière, ont encore envie de voyager par procuration, de ressentir des émotions à travers des mots et des images. Aujourd’hui en confinement, mais peut-être aussi demain, dans le monde d’après, lorsque nous envisagerons une décroissance de nos modes de vie, y compris du tourisme. C’est donc une courte ballade à Nikko au Japon que je vous propose aujourd’hui. Avez-vous envie de visiter Nikko depuis chez vous? C’est parti!
Visiter Nikko en images
Nikko, dans la Préfecture de Tochigi, est située à quelques heures au nord de Tokyo. C’est d’ailleurs le point le plus au nord où je me sois personnellement rendue au Japon. Haut lieu de la culture historique et religieuse du pays, Nikko est connue pour ses sanctuaires qui se marient parfaitement à une nature sereine. Visite incontournable pour de nombreux voyageurs, Nikko était sans aucun doute pour moi dans ma liste de lieux à voir lors de mon PVT au Japon. Comme souvent dans les longs voyages, l’on se rend compte à la fin du séjour ou lorsqu’il est déjà trop tard, que l’on n’a pas eu le temps d’aller là, d’aller ici et de cocher les cases d’une bucket list infinie. Je me suis donc rendue à Nikko, lors de ma dernière semaine au Japon lorsque j’y vivais, comme une dernière tournée d’adieu. Beaucoup de voyageurs et touristes font un long day-trip à Nikko depuis Tokyo, mais j’ai préféré y passer deux nuits, pour ne pas avoir à courir après le temps. Avec du recul, j’aurais dû y rester trois ou quatre nuits, pour bien profiter de la nature environnante, à mon rythme lent et paisible et afin de pouvoir me rendre dans le Parc national de Nikko.
Trois des sites de Nikko sont inscrits au Patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1999. L’un de ces sites, le Temple Rinnoji est en travaux jusqu’en 2021. Il est accessible, mais présente évidemment bien moins d’intérêt qu’en temps normal.
La nuit tombe sur Nikko
Je suis arrivée à Nikko depuis Tokyo, en fin de journée. Après avoir pris mes quartiers dans l’auberge de jeunesse tout près de la gare (voir en bas de l’article pour les informations pratiques), je suis allée me promener à la nuit tombée. Nikko est une ville très étendue et il faut du temps pour rejoindre les différents sites depuis la gare. C’est l’une des raisons pour laquelle visiter Nikko en une journée ne me paraît pas vraiment une bonne idée. Mais je n’avais aucune prétention de tourisme ce soir-là, si ce n’est de marcher et de me détendre. Je suis tombée avec joie sur le pont Shinkyo (le pont sacré), qui traverse la rivière Daiya, alors que les lumières venaient illuminer la ville.
Visiter les temples et sanctuaires de Nikko sans la foule
L’un des avantages de ne pas visiter Nikko à la journée, est de pouvoir être parmi les premiers à l’ouverture des temples et sanctuaires de Nikko, sans avoir à partir de Tokyo à une heure indécente. Après une petite marche matinale à la fraîcheur, j’étais sans doute ce jour-là parmi les cinq premiers à pénétrer dans le complexe, bien avant la foule de touristes, de day-trippers et des bus touristiques.
C’est une impression de grandeur et de majesté qui m’envahit lorsque je pénètre dans le complexe. Je suis presque seule devant des bâtiments impressionnants, dans une forêt majestueuse, à contempler des dorures, gravures, peintures et ornements plus luxueux et élaborés les uns que les autres. Le sanctuaire de Toshogu, ses dorures et ses sculptures me laissent sans voix.
Je me fais bien évidemment très vite rattraper par les touristes matinaux, trop occupée à contempler les différents éléments du sanctuaire et à photographier les fascinantes sculptures sur bois (Nikko-bori) représentant des singes.
Comme souvent au Japon, les temples et sanctuaires sont immenses et regorgent de coins et recoins à découvrir. J’aime m’y perdre et explorer chaque couloir, chaque escalier, chaque baraque, pour les surprises que l’on peut y découvrir et le calme qui peut surgir soudainement au coin d’un bâtiment. Le sanctuaire Toshogu est sublime et m’inspire bien plus photographiquement parlant. Il faut dire que lorsque je me rends au sanctuaire de Futarasan, la matinée est déjà bien avancée. La lumière n’est plus très propice à la photographie et les touristes sont déjà plus nombreux. Je chéris tout de même quelques moments de paix et de beauté.
Nikko, un écrin de nature pour la spiritualité
Alors que l’heure du déjeuner approche, les touristes affluent. Je me réfugie sur les sentiers à l’arrière du complexe, au coeur de la forêt et de la nature. Les sanctuaires et les temples de Nikko sont somptueux, mais la nature, luxuriante et parfois envahissante n’en fait que rehausser leur beauté. Enfin seule, dans le calme bruyant de la nature japonaise, au son des insectes, du vent et d’une eau cascadante, je marche au hasard à la découverte d’anciens temples et sanctuaires, plus ou moins abandonnés. Je suis toujours fascinée par les sanctuaires abandonnés au Japon, lorsque la nature reprend ses droits, lorsque les offrandes périssent, lorsque les couleurs se ternissent, lorsque le bois s’effrite. Il y a quelque chose de magique dans cette atmosphère d’antan, comme un voyage dans le temps. Dans ces instants, au coeur de la nature et du passé, j’ai l’impression imperceptible de toucher du doigt des profondeurs spirituelles. C’est sans doute cette magie que je recherche au Japon, cette paix indescriptible, ce quelque chose que je ne trouve nulle par ailleurs. Comme si en ces lieux-là, une brèche s’ouvrait dans le temps, entre plusieurs dimensions, comme s’ils étaient à l’épicentre d’énergies infinies et immémoriales.
Je sais que Nikko réserve de belles randonnées et découvertes pour les amateurs de nature, notamment dans son parc national, mais il ne me reste plus que quelques jours au Japon. Ce sera pour une autre fois, ou peut-être pour jamais. Mais, je garderai toujours le souvenir de ce coin du monde, magique, splendide, spirituel et mystérieux.
Mes dernières heures à Nikko: Kanmangafuchi Abyss
Je n’avais pas le temps de randonner à Nikko, mais j’avais repéré sur Internet cette promenade secrète, le long du Kanmangafuchi Abyss. A quelques centaines de mètres du complexe du temple, il y a pourtant peu de touristes qui s’y rendent, sans doute par manque de temps.
Je m’y rends au début de l’après-midi. On longe d’abord un fleuve bouillonnant, aux couleurs turquoises étonnantes. Je m’y arrête quelques instants pour pique-niquer et photographier des libellules. La nature se prête au jeu de mon oeil observateur et du clic mon appareil photo.
Commence alors une marche spirituelle le long de la rivière, à la rencontre des Jizo. Environ 70 Bouddhas Jizo sont alignés ici, habillés de bonnets et bavoirs rouges écarlates, protégeant l’âme des enfants défunts. On en sait très peu sur ces statuettes, si ce n’est qu’on ne tombe jamais sur le même compte, à l’aller et au retour, comme si certaines statues apparaissaient ou disparaissaient. Des Bouddhas fantômes ou une autre faille spatio-temporelle?
Il est temps de rentrer. Au retour, je trouve quelques pêcheurs rieurs dans la rivière. Je m’éloigne, un grand sourire collé sur les lèvres. Nikko est sans doute l’un de mes endroits préférés au Japon. Je m’arrête pour une collation, avant de regagner mes pénates. Demain matin, je prends le train tôt, en route vers un autre incontournable du pays. Le Mont Fuji m’appelle, pour un dernier au-revoir au pays du soleil levant!
Quelques informations pratiques pour visiter Nikko
Se rendre à Nikko depuis Tokyo
Il y a deux gares à Nikko, la gare JR et la gare Tobu, quelques peu éloignées du complexe du temple, mais proches des commerces et hôtels. Vous pouvez prendre le Shinkansen depuis la gare de Tokyo ou de Ueno, avec un changement pour une ligne locale à Utsunomiya. L’option la plus rentable et la plus rapide est de prendre un train direct semi-express depuis Asakusa. Rendez-vous sur Hyperdia pour construire votre trajet.
Où dormir à Nikko?
Je ne suis pas une grande adepte des excursions à la journée, d’autant plus pour Nikko, qui mérite selon moi bien plus que quelques heures de visite. Je n’en ai moi-même eu qu’un aperçu en deux nuits et il me reste encore tous les sites naturels à découvrir et à parcourir.
Pour ma part, j’ai dormi dans une très bonne auberge de jeunesse à deux pas de la gare. C’est petit, mais très cosy et convivial et la gérante est très sympathique. Pour en savoir plus sur l’auberge de jeunesse et y réserver votre séjour, c’est par ici!
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