Le voyage en solo et au long cours m’a-t-il transformée, m’a-t-il changée? Ce n’est pas une question que je m’étais vraiment posée en revenant de mon tour du monde. Happée par mes voyages en Europe et par mes débuts en freelance enfermée dans ma campagne girondine, j’ai finalement été peu en contact avec le « monde réel ». J’ai donc peu fait face à ce qui avait changé en moi. Suite à un article d’Emmanuel sur son blog Journaux de voyage, j’ai commencé à y réfléchir. Et en ayant repris la route en solo, je me rends compte que ces changements sont bien réels, bien ancrés.
Alors comment le voyage en solo au long cours m’a-t-il transformée ou pas?
Carpe diem
Depuis que je suis ado, j’ai toujours adhéré à cette philosophie de Carpe Diem, bercée par les tirades de Robin Williams et déjà très consciente de nos vies très éphémères. C’est d’ailleurs dans cette optique que je suis partie, préférant vivre maintenant, plutôt que demain ou à la retraite. Le décès de ma maman et ce voyage si intense n’ont fait que conforter cela et je vis maintenant, aujourd’hui et le plus intensément possible. Je sais dire oui à beaucoup plus de choses et d’opportunités, car qui sait de quoi demain sera fait.
Moins de stress
J’ai toujours été une grande stressée de la vie, à me monter dans la tête des scénarios catastrophes pas possibles et à me dire « et si… », à toujours vouloir aller plus vite que la musique et à vouloir que mon entourage avance à la même vitesse. Cela a pris du temps, cela ne s’est pas fait au début de ce voyage, mais après plusieurs mois passés en Amérique du Sud et en Asie, j’ai appris à beaucoup relativiser et à ne pas stresser. Un train en retard? Un magasin qui n’ouvre qu’une demie-heure après l’heure prévue? Un ami avec une heure de retard? Une grève qui m’empêche d’être à tel endroit au moment prévu? Une panne de voiture? Et bien, cela ne me fait tout simplement pas stresser du tout ou alors juste quelques secondes, promis! 🙂
La vie en ville semble faire resurgir mes petits moments de stress, mais je me soigne! Une chose que je ne peux absolument pas changer est ma vitesse de marche en ville et mon niveau d’énervement face aux gens qui semblent flâner sans but à tous les coins de rue. Buenos Aires m’a beaucoup énervée par sa lenteur généralisée dans la rue par exemple!
Moins de matérialisme
Je n’ai jamais été grande consommatrice et en partant en voyage, j’avais à peine quelques meubles, quelques vêtements et un bon millier de livres. En vivant plus d’un an de mon sac à dos, en portant les mêmes vêtements et en finalement n’ayant besoin que des 16kg sur mon dos, j’ai réalisé que l’on n’avait pas besoin de grand chose pour vivre heureux. J’ai mis plusieurs mois à défaire mes cartons en rentrant en France, car finalement je n’avais pas besoin de ce bric à brac. Je portais les mêmes vêtements, je lisais sur mon Kindle, regardais des films sur mon ordi, rien de plus rien de moins. J’ai commencé à vendre mes livres et mes affaires et je continuerai à le faire à mon prochain retour en France, mais une chose est sûre le shopping n’a plus d’emprise sur moi et je n’achète que les vêtements nécessaires, je fais du troc si possible, je n’achète plus de livres (mon addiction passée) et mon seul pêché mignon serait sans doute l’électronique… encore faut-il pouvoir le porter et avoir l’argent pour!
Moins de structure
Forcément, on a tous une vie plus ou moins structurée pour pouvoir faire les choses que nous devons faire. J’ai toujours été une grande planificatrice, afin de pouvoir gérer amis, travail et hobbies. En voyageant, il est très compliqué de pouvoir tenir une structure bien ferme, de par les rencontres, les nouvelles opportunités, les problèmes quotidiens du voyage, les envies du moment… J’ai appris à relâcher un peu la pression, à moins planifier, à être plus spontanée, même si ce n’est pas toujours évident avec le boulot bien sûr.
Je dors n’importe où, je mange n’importe quoi, je fais pipi n’importe où
Je n’ai jamais été une fille très compliquée, ni très exigeante, mais je crois que ce voyage au long cours m’a fait repoussé mes limites. Je dors très bien dans les bus de nuit, sur des bateaux et à même le sol (dans les aéroports) et un bon lit n’est jamais la chose la plus importante pour moi.
Je n’ai jamais été difficile, mais je crois que j’ai atteint de nouvelles limites. Je peux manger n’importe quoi, j’aime tout et le régime routard (pâte avec ketchup ou fromage, voire sans si vraiment c’est la galère!) plusieurs jours de suite me convient parfaitement. Bien sûr, sushis, chocolat et fromage me manque après un temps. Mon estomac a également pris de bonnes habitudes et même si je fais attention, je mange dans la rue en Birmanie par exemple et parfois quelques trucs qui ne sont pas recommandés.
Les toilettes, c’était un peu ma dernière limite à repousser. Je préférais ne pas y aller que d’aller dans des toilettes sales, ce qui me permet de me retenir pendant des heures lors de longs trajets. Après la Chine et ses toilettes collectives et souvent immondes… j’ai appris à repousser ma peur et mon dégoût!
Je n’ai plus peur de mourir
Cela peut sembler très étrange, je dois encore y réfléchir, mais, sans pensées morbides je n’ai plus vraiment peur de mourir. J’étais de ces gens qui avaient vraiment peur de la mort, mais aujourd’hui, je suis en paix avec cela. J’ai vécu de nombreux rêves, j’ai vécu mon rêve de tour du monde, je vis heureuse chaque jour et si la mort arrive, je suis prête.
Savoir se déconnecter
De par mon travail, le WiFi est sans doute une des choses les plus importantes pour moi, mais je choisis l’information que je consomme et je suis globalement assez déconnectée de la culture de tous les jours, ce qui n’était pas le cas avant. Je n’ai aucune idée des musiques actuelles, de ce qui passe au cinéma ou des nouveaux livres. Je sais que Noël arrive, mais c’est bien la dernière de mes préoccupations. Je ne m’en porte pas plus mal, même si je fais parfois des découvertes quelques années après.
Je sais aussi me déconnecter complètement le temps de quelques jours, parfois sans électricité et je savoure à fond ces moments de repos et de déconnexion. Cela m’aurait fait paniquer auparavant.
Moins de sérieux
Certaines personnes qui me connaissent, les gens qui me rencontrent au début, mon histoire… tout cela a tendance à me classer dans la catégorie des gens sérieux. Première de la classe pendant ma scolarité, multiples clubs et activités, ceinture noire de karaté à 17 ans, hautes études, réussite en stages, puis réussite professionnelle, lectures et cinéma snob, sorties en modération… oui, j’ai souvent été sérieuse et je le suis encore pour certaines choses. Pourtant, un tel voyage m’a rendue évidemment moins sérieuse. Je vous laisse découvrir mon bêtisier pour vous donner une idée et me retrouver tous les jours sur Snapchat (vvagabondages).
Je prends les choses, la vie bien moins au sérieux et même si cela me prend un peu de temps, je vous assure, je suis quelqu’un de fun et décontractée 🙂
Moins de timidité
La timidité a été la grande bataille de mon adolescence et de ma vie et il y a des fois où je dois absolument me forcer, mais la progression est énorme par le karaté et surtout par le voyage. Si certaines personnes m’intimident, je suis désormais très ouverte et n’ai aucun mal à parler à des gens dans la rue, à demander de l’aide ou tout autre chose.
Moins de peur
Je n’ai jamais été très peureuse, j’ai toujours fait confiance aux gens autour de moi, mais ce tour du monde et mon voyage actuel m’apprennent à avoir moins peur. J’avais peur de dormir seule dans la nature (c’est toujours le cas!), j’avais peur des serial-killer (je stresse beaucoup moins, heureusement), de me faire attaquer en Amérique du Sud (je suis beaucoup plus zen, maintenant), j’avais une phobie des guêpes (ça va un peu mieux)…
Comme c’est mon second voyage au long cours en Amérique du Sud, je ressens la différence, je me sens beaucoup moins stressée, beaucoup plus zen et assurée, beaucoup plus ouverte et confiante. On est bien loin de la jeune fille timide qui débarquait apeurée en Colombie…
Indépendance et solitude
Je suis encore plus indépendante et solitaire que je ne l’étais auparavant et être seule ne me dérange absolument pas. J’ai dépassé mes limites et je peux tout faire seule: cinéma, resto, randonnée, concerts… Ma dernière limite était le bar en solo, mais je m’y mets peu à peu!
Ce n’est pas forcément quelque chose de positif, mais je suis très très indépendante et j’aime faire mes propres choix et suivre ma propre route.
J’apprends et je change tous les jours avec le voyage en solo
Voyager seule vous pousse au bout de vos limites et vous fait relever des défis tous les jours. Le voyage en solo et le voyage au long cours me permettent de progresser chaque jour, de devenir meilleure, de réfléchir à qui je suis et qui je veux être, mais aussi à la vie.
Cela me permet aussi d’apprendre des choses stupides ou non, que je dois savoir faire… tout simplement parce que je suis seule. Je sais me servir d’une allumette (oui, je sais), je suis beaucoup plus débrouillarde, j’ai appris à parler espagnol, j’ai développé mon sens de l’orientation, mon instinct, je cuisine un peu mieux, je sais parler avec les mains, je sais pêcher marchander et plein d’autres petites choses comme cela qui font toute la différence dans un voyage!
Et vous, comment le voyage vous a-t-il transformé?
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