Ce sont sans doute les questions que l’on me pose le plus souvent, une fois que j’annonce voyager seule autour du monde depuis plusieurs années:
« Et il ne t’est rien arrivé? Et tu n’as pas eu peur? »
Je ne suis pourtant pas la fille la plus courageuse du monde, mais voyager seule n’a jamais été quelque chose qui me faisait peur ou que j’appréhendais. Sans doute, car je suis solitaire et que j’aime faire les choses seules, me retrouver seule (surtout en ville, car seule à la campagne, oui, j’ai peur! :)). Sans doute car depuis mes 19 ans, je suis partie seule pour des week-ends, pour des expatriations, pour une semaine. Sans doute parce que j’avais rêvé ce voyage en solo et que je ne l’imaginais pas à deux.
Dans l’excitation des préparatifs de mon tour du monde, je n’ai pas eu le temps d’avoir peur. J’étais excitée, j’avais hâte de me lancer, rien de plus, rien de moins. J’ai lu de nombreux blogs et livres sur les conseils de sécurité à appliquer, sur les arnaques en voyage, sur comment se comporter dans telle ou telle situation et j’ai tout assimilé, comme une éponge géante. Je me souviens que ce qui m’inquiétait le plus, c’était de tomber malade après avoir mangé des crudités ou de la glace et de me faire voler mes affaires. Après deux ans de voyage, même si j’applique toujours les conseils de base, je suis beaucoup moins stressée à ces deux niveaux. Me faire agresser par un homme ne m’a jamais tant fait peur. Car je savais que le risque était globalement bien moins grand qu’on nous le laisse croire, parce que le monde est bon, parce que je suis ceinture noire de karaté et parce que je sais généralement éviter les situations stupides.
Concrètement, ma peur au ventre s’est un peu éveillée en atterrissant en Colombie, mon premier pays plus délicat, mais cela aurait été la même chose si nous avions été deux. Il faut dire que les histoires à l’auberge de vols d’organes, de viols et autres arnaques ne rassuraient pas du tout. Un mois et demi plus tard, je rirais bien de tout cela!
Alors, y-a-t-il eu des moments où j’ai eu peur lors de ce tour du monde? Des moments où je me suis dit que cela allait mal tourner? M’est-il arrivée quelque chose? Voici quelques moments de malaise et de mésaventures, en espérant que vous pourrez en retirer quelques conseils et que vous dédramatiserez le voyage en solo, car globalement il ne m’est rien arrivée.
Voyager seule aux Etats-Unis
Vous ne vous attendiez sans doute pas à ce que je mentionne ce pays, mais c’est l’un des pays où je ne suis pas toujours très à l’aise, car il y a des coins qui craignent franchement, de jour comme de nuit et ce ne sont pas forcément les endroits auxquels on s’attend.
Les centres-villes de certaines villes peuvent être assez désertés la nuit. Je me souviens d’avoir été très très mal à l’aise au centre-ville d’Atlanta. De même, il faut faire attention où l’on met les pieds à la Nouvelle-Orléans à proximité du centre-ville et de jour, comme de nuit ou à Baltimore, Maryland.
Mais c’est à Washington D.C., lors de mon troisième séjour dans la ville qu’il m’est arrivée une mésaventure qui me laisse encore aujourd’hui un goût très amer. J’atterrissais après un très long voyage et prenait le bus vers le centre-ville à 21h. Il y avait quelques personnes dans le bus, un chauffeur sympathique, un couple allemand d’une cinquantaine d’années, trois jeunes hommes et une jeune fille américaine. Dès les premières minutes, un homme derrière moi a commencé à me harceler, à me dire des insultes en espagnol et des choses qui me mirent très mal à l’aise. Ce faisant, il touchait régulièrement mon épaule pour que je me retourne. Je me déplaçais donc vers l’avant, juste derrière le couple. L’homme me suivit et continua son petit manège. Je criais donc très fort en anglais « Monsieur, arrêtez de me toucher! ». Les passagers me dévisagèrent et ne bougèrent pas d’un petit doigt pour m’aider ou me proposer de m’asseoir à côté d’eux. J’étais absolument scotchée. Je n’étais pas trop inquiète, car mon harceleur était petit et alcoolisé, mais je descendais à un arrêt avec du monde, prête à demander de l’aide. Il ne me suivit pas. En chemin vers mon auberge, je marchais rapidement, quelques larmes coulant sur mes joues, toujours incrédule que personne ne m’avait aidée…
Drague et drogues en Amérique du Sud
La drague est quelque chose auquel il faut s’habituer en Amérique du Sud. Pourtant, venant de France, j’avais déjà fait face à quelques techniques peu catholiques, mais en Colombie, c’était en permanence. Un vieillard de 90 ans, un enfant de 12 ans, un marchand, un SDF, un passant… si vous êtes blanche en Amérique du Sud, que vous portiez un sac poubelle ou une mini-jupe, il y a de fortes chances que vous soyez sifflée, accostée ou regardée d’un drôle d’air. J’ai pris ce comportement en pleine face en Colombie et il m’a fallu quelques temps pour apprendre à ignorer et regarder droit devant moi lorsque j’entendais des bruits de bisous, des claquements de langue ou des « Hola bonita! ». Les coups de klaxon au Chili sont également très très énervants! Mais je crois que je ne me suis jamais aussi sentie mal à l’aise que lorsque je me baladais sur les murs de Carthagène et que l’on m’a proposée de la drogue (qui sait quoi!) dans la rue, en plein milieu de la journée, et qu’il n’y avait personne autour. J’ai bredouilé un non merci et suis partie rapidement.
Buenos Aires, la nuit
La première fois que je suis venue à Buenos Aires, je n’étais pas du tout stressée. La seconde fois, vivant plus locale et parlant avec plus d’Argentins, je me suis vite rendue compte que c’était un peu moins sûr que je ne le pensais. Cela ne m’a pas empêché de sortir, mais sachant que j’habitais loin, je devais toujours prévoir un plan pour le retour. Sauf qu’un soir, cela n’a pas fonctionné…
J’étais dans le quartier de San Telmo dans un bar et je savais que mon dernier train était à 23h30 de la station Retiro. Je décidais donc de prendre le métro vers 22h40. Quelle mauvaise idée! Je me retrouvais seule sur les quais, la télé grésillante… et oui, ici le métro ferme 22h30! Plan suivant, un bus pour Retiro, pas de problème. 23h à Retiro, la gare est fermée, barricadée et il n’y a personne dans les rues. Les horaires sont fausses, il n’y a plus de train. Et Retiro à cette heure-ci, sachant qu’il y a un favela juste à côté, c’est une très très mauvaise idée. Sous la pluie, je demandais mon chemin à un policier et parvenait à rapidement prendre un bus pour chez moi. Enfin, à 10 blocs de chez moi, ce qui n’est pas top non plus de marcher autant la nuit dans un quartier résidentiel désert! Bref, beaucoup de peur et aucun mal, mais j’ai eu beaucoup de chance ce soir-là! Une chose est sûre, on ne me reprendra pas à Retiro à cette heure-ci!
Kuta, Lombok, Indonésie
Cette fois-ci, je n’étais pas seule et heureusement, même si une fois encore, c’est plus de peur que de mal. Quatre routardes débarquent tranquillement dans cette ville de surfeurs. Et des enfants me jettent des pierres au visage… Oups ça commence mal! Sous ses airs de paradis de surfeurs, avec ses plages paradisiaques, on se rendra vite compte que ce n’est pas le paradis. Après des investissements Australiens malvenus pour des bouchées de pain, l’atmosphère est lourde et la haine du farang quel qu’il soit est bien présente. Il faut éviter de s’éloigner de son hôtel la nuit ou de se promener seul. On croise des voyageurs qui se sont fait attaquer à la machette en scooter, on nous parle de nombreux vols et il ne s’agit pas simplement de rumeurs. L’atmosphère est malsaine, il y a une grosse mafia de transports et nous ne resterons que deux nuits dans le coin.
Des arnaques qui font peur
Vientiane, Laos. Phnom Penh, Cambodge. Deux tentatives d’arnaque qui visent des voyageurs seuls et qui prennent la même technique. Après m’être faite arnaquée en Chine, j’étais sur le qui-vive, mais ces deux tentatives sont plus effrayantes que celles chinoises.
A Vientiane, je regardais tranquillement le coucher du soleil sur la rivière quant une locale m’aborde. Elle parle très bien anglais et est soi-disant professeur. Elle me pose beaucoup de questions sur mon voyage et m’invite à manger chez elle. Je refuse, lui disant que je ne peux pas ce soir-là, mais que je peux lui donner mon email et qu’on peut organiser quelque chose pour la semaine suivante. Elle prend mon email, mais est immédiatement désintéressée. Je la croiserai les jours suivants errant au bord de la rivière au coucher du soleil, abordant d’autres voyageurs seul, dans des cafés, etc. Je vous avoue que je ne sais pas ce qu’elle voulait faire, mais cela m’a semblé très très louche. Surtout que le lendemain, une autre femme a fait exactement la même manigance. Je lui ai dit que je partais le soir-même en bus et elle s’est tout de suite désintéressée.
A Phnom Penh, même manœuvre. Je me promène tranquillement lorsqu’un homme m’aborde pour me dire que mes lunettes sont jolies et pour demander où je les ai achetées. Bordeaux, je réponds. « Ah, mais c’est incroyable, me dit-il, ma sœur est infirmière et déménage à Bordeaux ». En effet, c’est incroyable. Il m’invite à venir manger chez lui pour rencontrer sa sœur. Je lui dit qu’elle peut m’écrire si elle le souhaite et que je l’aiderai avec plaisir. Il insiste lourdement, il appelle sa sœur pour que je lui parle, mais je refuse fermement et je pars. Le lendemain, c’est mes chaussures qu’il trouvait jolies. Je l’ai remballé en lui disant qu’il avait aimé mes lunettes la veille! En faisant des recherches sur Google, j’ai trouvé que cette arnaque était très courante et finissait par un repas drogué et un vol de toutes vos affaires ou de vous embarquer dans un jeu de poker, où vous finirez par devoir plusieurs milliers de dollars!
Me faire suivre à Montevideo
C’est la deuxième foi de ma vie que je me suis ainsi faite suivre. Je me baladais un dimanche dans la vieille ville de Montevideo. J’en avais entendu beaucoup de mal et j’étais alerte. Je prenais une photo sur la place centrale, vu qu’il y avait de nombreux touristes aux alentours. J’ai mis trop longtemps sur mes réglages, je m’en rends compte. Lorsque je commençais à marcher, un mec louche me suivait. Il n’était pas menaçant, mais opportuniste et louche. Je continuais tout droit et me retournais pour prendre une photo. Il tourna dans la rue de gauche. Ouf! Sauf que non, deux minutes plus tard il était à nouveau derrière moi. Ce manège dura 10 minutes jusqu’à ce que je m’arrête à un stand de souvenirs. Il s’arrêta aussi. Je restais là fixant des souvenirs complètement inintéressants, le surveillant du coin de l’œil. Il était toujours là. Je lui jetais un regard noir et finalement, il s’éloigna. Je n’étais sans doute plus une proie facile. Je m’arrêtais quelques pas plus loin à un restaurant, histoire d’être avec du monde pendant quelques temps. L’histoire s’arrête là. Je ne me suis pas sentie menacée, mais très mal à l’aise et le malaise continua le reste de l’après-midi dans une vieille ville complètement vide.
La première fois où je me suis faite suivre dans la rue, c’était quelques mois plus tôt. Nous étions deux à Bordeaux et nous furent suivies (aucun doute) pendant une bonne dizaine de minutes par un jeune qui ne paraissait absolument pas louche. Aucune idée de ce qu’il voulait, mais quelle étrange histoire!
En plus de deux ans de voyage, j’ai été très chanceuse et il ne m’est rien arrivée. Seulement des presque-problèmes, des « et si? », des malaises, des tentatives de problèmes… Chanceuse et sur mes gardes, c’est certain. En espérant que cela vous rassurera sur le voyage en solo et vous donnera quelques conseils.
N’hésitez pas si vous avez des questions!
Pour aller plus loin: un article complet et objectif sur les risques du voyage.
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