Pourquoi je voyage? Une fuite… vers le bonheur
Sortir de la norme, c’est la porte ouverte à de nombreuses questions, de nombreux regards. J’ai changé de couleur de cheveux le mois dernier et j’ai cru que mon coiffeur n’allait pas s’en remettre. Avoir les cheveux rouges (et pourtant ce n’est vraiment pas flamboyant, hein!) en France, à Paris ou ailleurs, ce n’est pas normal et je reçois de nombreux regards inquisiteurs ou désapprobateurs. C’est un peu pareil sur le thème du voyage en fait. Pourquoi je voyage tant? Nombreux seront ceux qui répondront que je fuis. Que je fuis la réalité, la vraie vie, les responsabilités ou je ne sais trop quoi d’autres.
Normalité et fuite
Forcément, cela m’énerve, car c’est pour moi porter un jugement sur la vie de quelqu’un d’autre, sans vraiment savoir de quoi l’on parle. Même si je fuyais quelque chose, même si je voyageais pour oublier, pour ne pas faire face à mes problèmes ou autre, en quoi cela vous donnerait-il le droit de me juger, sans procès, sans appel, comme ça par une simple phrase? Il n’y a rien de pire que cette expression, la « vraie vie ». Cette vraie vie, cette vie normale et dans les cases ne semble prendre qu’une seule forme, celle de la vie en France, du pavillon, des enfants, du travail acharné, de la retraite et pas plus, pas moins. Comme si ce que je vivais était une sorte de rêve bizarre, une réalité augmentée, un jeu vidéo, une pièce de théâtre. Comme si mes petits bonheurs, mes victoires, mes tristesses, mes défis, mes larmes, mes problèmes, ma vie quotidienne ne comptaient pas, comme si elle allait disparaître un jour, en un claquement de doigt. Je ne dis pas que je serai nomade pour toujours, je n’en sais pas plus que vous, mais cette vie nomade, ce nomadisme quotidien fera toujours partie de ma vie réelle, de mon passé, de mon présent et de mon futur. Lorsque je me lève le matin et que je m’assois devant mon ordinateur, mon travail est aussi réel que tout autre. Lorsque je déjeune à un restaurant ou que je cuisine, c’est la même chose. Lorsque je vais boire un verre avec des amis, rencontrés hier ou il y a quelques années, c’est une réelle amitié. Lorsque je pars en randonnée, c’est un vrai moment de bonheur, une vraie escapade, du sport, comme vous le feriez aussi. Lorsque je me prends la tête avec les formalités administratives ou les impôts, c’est bien réel aussi, ça je vous l’assure.
Pourquoi je voyage? Pour fuir? Oui, j’ai fui. J’ai fui la routine, le métro-boulot-dodo, l’espace confiné d’un bureau et d’un logement fixe, la surconsommation, la télévision, les normes que la société veut m’imposer chaque jour, le schéma pré-défini, la vie bien rangée qui est censée me rendre heureuse. J’ai fui mon ennui et ma dépression, j’ai fui la ligne droite, j’ai fui l’immobilisme et les certitudes. J’ai tout simplement fui ce qui me rendait malheureuse, en quête de bonheur. Ai-je tort? N’ai-je pas le droit de faire mon bonhomme de chemin vers ma propre version du bonheur, vers ce que j’aime passionnément? N’ai-je pas le droit de m’épanouir au quotidien? Cela ne veut pas dire que je détiens la vérité absolue et que je considère ma version de la vie comme la bonne, comme la clé ultime, comme le chemin idéal, cela ne veut pas dire que je ne changerai pas d’avis, que je ne vivrai pas d’autres vies, que je ne suivrai pas d’autres chemins. Cela veut simplement dire que c’est ma normalité à moi, mon bonheur à moi aujourd’hui et maintenant et que je ne peux accepter que l’on me juge parce que je voyage et que l’on voit mes voyages de manière négative. A chacun sa vie, non?
Fuite, grand malheur et petits bonheurs
Peut-être que certains de mes voyages et certaines escapades ont été des fuites au sens où vous l’entendez, des vacances, un besoin d’évasion pour oublier la routine, comme un hobby, comme regarder un film pour se changer les idées, comme sortir prendre l’air. Il y a aussi ce que vous appelleriez des fuites plus profondes, plus lourdes. Lorsque ma maman est décédée, j’ai repris la route, un peu plus d’un mois après. Certains l’ont vu comme du courage, je suis certaine que d’autres l’ont vu comme une fuite et de l’égoïsme. Pour moi, c’était la voie naturelle, la reprise du cours des choses et de ma vie et j’ai eu la chance d’avoir un entourage qui me comprenait et me soutenait. Les mois suivants, seule sur la route, ont été très durs. Peut-être était-ce une fuite après tout, une manière de fermer les yeux et de ne pas y penser. Quoiqu’il en soit, voyager m’a sauvée, m’a fait reprendre le cours de ma vie, m’a rendue plus forte et m’a évité la dépression. Voyager m’a fait comprendre beaucoup de choses et a donné du sens a ma vie. Le retour en France a été dur, car en voyage, on ne réalise pas la lourdeur de l’absence, on met certaines choses entre parenthèses et c’est au retour que l’on se les prends en pleine face. Pourtant, cette fuite m’a sauvée, cette fuite était un pas vers le bonheur.
Voyager, ma fuite vers le bonheur
J’ai parfois beaucoup de mal à expliquer la profondeur de mon bonheur, à quel point j’embrasse le Carpe Diem des Poètes Disparus, ceux qui me faisaient vibrer, adolescente. Pourtant, c’est bien cela pour moi le voyage et c’est tout la réponse à pourquoi je voyage. C’est mon carpe diem, ma fuite permanente vers mon bonheur et ma vérité. On a qu’une vie et j’ai choisi de vivre la mienne comme bon me semble, simplement, anormale sans doute, mais heureuse. Peut-être est-ce la trentaine qui me guette au tournant, peut-être est-ce un peu de sagesse qui surgit de je ne sais où, peut-être ai-je trouvé l’équilibre dans la fuite, mais je me surprends souvent ces temps-ci, à sourire seule dans la rue, à faire une pause et à regarder autour de moi et à me dire que j’ai vraiment de la chance d’être là où je suis, heureuse, vivant le moment présent. Petits bonheurs et grand bonheur se mêle dans un joyeux bazar.
Peut-être que vous aussi vous sortez des chemins tous tracés, peut-être que l’on vous demande des comptes aussi, sans raison, simplement pour vous juger. Soyez heureux, souriez, tracez votre chemin, fuyez si cela vous chante, on ne sait jamais ce qu’il y aura au prochain tournant de la route et l’important est de sourire à la vie, d’être heureux et de vivre sans regrets.
CARPE DIEM.
Mettre fin à la fuite
Un message du futur, de la Lucie de 2024
Les articles sont conservés tels qu’ils ont été publiés à l’époque pour garder l’ancrage et la réalité de cette vie nomade et de ces motivations. Toutefois, je me permets de venir mettre des notes depuis le futur, quand j’en ressens le besoin.
La fuite n’est pas une fin en soi. La fuite m’a menée au burnout. La fuite est une manière de mettre la vie en pause et de ne pas faire face à ses démons, ses problèmes, sa mission de vie. En 2020, j’ai mis fin à ma vie nomade en déménageant à Édimbourg et en prenant ma retraite du blogging professionnel, mais surtout en embarquant dans un processus de guérison, qui me ferait comprendre les racines de la fuite et de cesser de fuir justement.
Cela m’a pris quelques années et j’en ai écrit un livre. L’Envol, un mémoire poétique, intuitif et spirituel qui raconte comment j’ai appris à rester, et à ne plus fuir.
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