En tant que voyageur au long cours ou expatrié, l’on se pose toujours la question de pourquoi l’on est parti, de ce que l’on cherche, mais aussi la question du retour au pays. Reviendra-t-on? Quand? Comment se réadapter? Toutes ces questions l’on se les pose tous et lire un livre à ce sujet est toujours passionnant. Sauf que l’exil que j’ai choisi n’a rien à voir avec l’exil forcé, notamment ici celui de Dany Laferrière.
L’auteur reçoit une nuit un appel. Son père est décédé à New-York. Il ne l’a jamais vraiment connu. L’heure est venu de retourner au pays pour annoncer la nouvelle à sa mère, redécouvrir et réapprendre ce pays et partir sur les traces de son père. Dany Laferrière a l’habitude de parler de lui dans ses livres, mais il nous livre ici un témoignage des plus personnels de son retour au pays, de sa redécouverte des lieux, des bruits, des odeurs, des couleurs et des gens, de sa quête de soi et de son père.
Un témoignage sensible et touchant qui ne pourra que vous pousser à la réflexion sur vous-même et votre voyage. Par sa puissante prose poétique, l’auteur nous fait aussi découvrir Haïti de l’œil d’un natif, mais aussi de celui d’un étranger qui redécouvre son pays. Haïti dans sa pauvreté et sa dureté, mais aussi dans toute sa simplicité avec ses beautés et ses petits plaisirs. Un voyage que je vous invite chaleureusement à faire et qui vous transformera !
Il arrive toujours ce moment.
Le moment de partir.
On peut bien traîner encore un peu
à faire des adieux inutiles et à ramasser
des choses qu’on jettera en chemin.
Le moment nous regarde
et on sait qu’il ne reculera plus.
L’instant du départ nous attend à la porte.
Comme quelque chose dont on sent la présence
mais qu’on ne peut toucher.
Dans la réalité, il prend l’aspect d’une valise.
Le temps passé ailleurs que
dans son village natal
est un temps qui ne peut être mesuré
Un temps hors du temps inscrit
dans nos gènes.
Seule une mère peut tenir pareil compte.
La mienne a fait pendant trente-deux ans
sur un calendrier Esso
une croix sur chaque jour
passé sans me voir. […]
Arrivé au nord, il m’a fallu le défaire
de toute la lourde réalité du sud
qui me sortait par les pores.
J’ai mis trente-trois ans pour m’adaptet
à ce pays d’hiver où tout est si différent
de ce que j’avais connu auparavant.
De retour dans le sud après toutes ces années
je me retrouve dans la situation de quelqu’un
qui doit réapprendre ce qu’il sait déjà
mais dont il a dû se défaire en chemin.
J’avoue que c’est plus facile
d’apprendre que de réapprendre
Mais le plus dur c’est encore
de désapprendre.
Éditions Le Livre de poche, 2011, 280 pages.
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